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Un faux procès salutaire

Abderrahmane Sissako réalise un film d?une profondeur politique encore jamais vue en Afrique Avec le sublime «En attendant le bonheur» (2002), le cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako nous avait déjà offert un pur chef-d'oeuvre de contemplation poétique. Aujourd'hui, il récidive en réalisant un film d'une profondeur politique encore jamais vue en Afrique. Avec la tranquille humilité qui le caractérise, Sissako ose l'impensable en assignant en justice les deux instances internationales qui étranglent les Africains. Le (faux) procès a lieu dans la cour commune à plusieurs maisons d'un quartier populaire de Bamako, parmi les chèvres et les mouches.

13 oct. 2006, 12:00

Appelés à une barre de fortune, de véritables professionnels de la magistrature plaident dans ce lieu inédit, autrement représentatif qu'une salle de tribunal. Pendant ce temps, les habitants de la cour vaquent à leurs pauvres occupations, indifférents aux effets de robe qui les concernent pourtant au premier chef. Sans aucun manichéisme, Sissako accorde la parole aux deux parties. L'un des deux défenseurs du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale est un Noir

Prenant au pied de la lettre l'utopie de la justice, ce dispositif ne tarde pas à porter ses fruits. S'il y a manifestement décalage entre la parole juridique et le réel auquel elle se rapporte, demeure toutefois toujours l'espoir d'y remédier. Premier témoin à comparaître, la romancière Aminata Traoré, ex-ministre de la Culture du Mali, y parvient de façon extraordinaire. Advient alors l'instant de grâce où enfin le verbe coïncide avec la réalité que l'on distingue dans la profondeur de champ Un très grand film d'un cinéaste «juste», dont on ne peut faire l'économie! / AD

Neuchâtel, Appolo 3; La Chaux-de-Fonds, Scala; 1h58

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