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Un art intimiste au langage sombre et revendicateur

05 juil. 2010, 07:39

Philippe Wyser est né en 1954 à La Chaux-de-Fonds. Autodidacte, artiste à plein-temps, il réalise sa première exposition en 1979. Plus exposé depuis 2006, la galerie Impressions à La Chaux-de-Fonds répare cette absence en présentant une rétrospective de plus de vingt ans de travail d'artiste. On n'en ressort comme d'un séjour dans un imaginaire réaliste et cruel, quelque part entre l'échelle humaine et celle du prophète. Multitude de dessins, tous minutieusement datés, griffés «W», tous de formats A4 et de même technique - celle du crayon ou de la craie grasse -, son œuvre se présente sous la forme d'un journal intime, d'un carnet de bord où les signes et les symboles s'organisent en un puissant cheminement introspectif. Ses dessins sont axés sur une présentation chronologique qui témoigne de longues périodes d'expérimentations méditatives de l'artiste à des moments d'agitation intenses, et à des déchaînements d'expressivité assez brutaux.

A travers cette sélection de huit cents dessins, l'œuvre de Wyser ne possède pas une structure linéaire, qui reposerait sur un concept prédéfini. Elle se contente de répéter les expériences et d'en observer les infimes variations, sans soucis de hiérarchisation. Tel ou tel thème, décliné à l'infini, est ensuite abandonné, puis revient sous une forme voisine quelques années après, comme un éternel recommencement. Au moyen d'éléments du quotidien, immédiatement perceptibles, Philippe Wyser construit des mises en scène originales, où les choix de cadrages opèrent un basculement poétique, métaphysique, philosophique. Entre introspection, critique sociale et chronique locale, ses titres manuscrits indiquent une direction, orientent le spectateur, posent des signaux, sans déchiffrer totalement le code pictural. L'humour de Wyser est souvent bilieux et cruel, le rire qu'il provoque inconfortable. La face obscure et menaçante de l'existence y est toujours présente. Lorsqu'un embryon humain apparaît, c'est uniquement isolé, disloqué et contorsionné, comme torturé et toujours enfermé dans un environnement clos. Un art intimiste au langage totalement personnel qui se veut également acte de résistance permanent, qui s'adresse à un public exigeant et réceptif. 

La Chaux-de-Fonds, galerie Impressions, jusqu'au 28 août

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