Le dernier concert de la saison 2007-2008 des CMC (Concerts de musique contemporaine) a eu lieu vendredi soir au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Au programme, trois ?uvres pour percussions interprétées par des étudiants du Conservatoire neuchâtelois sous la conduite de Pascal Pons.
Le concert s'ouvre sur «Rebonds» pour percussion solo de Iannis Xenakis (1987-1988). Cette pièce diffère de l'esthétique habituelle du compositeur: elle se présente comme une étude sur l'impact du timbre et sur la division des valeurs rythmiques. A partir d'une structure initiale fondée sur un principe de régularité se déploie rapidement un jeu virtuose et spectaculaire. Les deux mouvements se prêtent au jeu de combinaisons rythmiques complexes qui, à la fois, structurent et destructurent la perception de la partition. De facture architecturale, «Rebonds» développe des entrelacs de lignes dynamiques, à l'image d'un contrepoint vocal.
«Having Never Written a Note for Percussion» de James Tenney (1971) est une performance dédiée au tam-tam. Ecrite sur un format carte postale, cette pièce se présente comme une immense arche intensive qui met en scène la vibration continue d'un trémolo. Les propriétés de résonance de l'instrument sont exploitées avec une grande maîtrise par le soliste: le corps métallique devient l'objet d'une saturation progressive du champ sonore, depuis l'imperceptible jusqu'au climax dont la violence submerge le public, au point de rendre l'audition presque insupportable. Mais l'effet reste ô combien saisissant: l'absence de tout repère abolit l'écoute analytique et plonge l'esprit dans l'expérience de l'inouï.
Le concert se conclut avec «Mikrophonie 1» de Karlheinz Stockhausen (1964). Davantage qu'une simple recherche exploratoire, cette ?uvre exploite les propriétés acoustiques du tam-tam grâce à un dispositif électronique qui amplifie, modifie et spatialise le résultat sonore. Les micros sont ici considérés comme des instruments à part entière, au même titre que les divers matériaux et les modes de production sonore. Les CMC ont été à la hauteur du défi qu'ils s'étaient lancé: une grande soirée musicale, faite d'exigence et de précision.