Le charme capiteux de cette voix, sa chaleur, les moirures de son timbre, la longueur d'un souffle égal et fluide, constituent le plus attachant des portraits vocaux. Les sept Lieder embrassent un vaste panorama et chacun des airs, colorés par des orchestrations de styles différents, de Brahms, Webern, Reger, mériterait un commentaire spécifique. Pointons quelques exemples, le bouleversant «Wegweiser» tiré du «Voyage d'hiver», ou «Im Abendrot» d'une superbe plasticité. «Tränenregen» extrait de «La belle meunière» retient par la sensualité, la fluidité de cette voix. Tout en sensibilité David Stern conduit l'Orchestre de chambre de Bâle selon l'humeur du baryton. «Erlkönig» tiré du «Roi des aulnes», texte de Goethe, a créé un ineffable moment de lyrisme.
En illustrant deux visages de Schoenberg, l'un par la Symphonie de chambre, où quinze instruments solistes s'échappent de la tonalité, l'autre par la romantique Sérénade, la vision de David Stern confirme l'importance fondamentale de ce créateur du XXe siècle.
Puis David Stern renouvelle la symphonie No 4 D 417 de Schubert. En résistant à la tentation pathétique, l'effusion a une suprême dignité, les lignes immenses de l'andante ont rarement été aussi souveraines. David Stern cravache les musiciens, il individualise les bois. Avec science et musicalité, ce chef tire de l'Orchestre de chambre de Bâle des couleurs magiques de profondeur. / DDC