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Secrets du bec de calmar dévoilés par un chercheur chaux-de-fonnier

Le bec de calmar n'a quasiment plus de secret pour lui. Le Chaux-de-Fonnier Ali Miserez en a fait l'objet de ses recherches à l'Université de Californie à Santa Barbara. Les premiers résultats ont intéressé les médias américains. Natif de La Chaux-de-Fonds, docteur et ingénieur en science des matériaux de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Ali Miserez travaille dans un laboratoire de l'Université de Californie, à Santa Barbara, depuis trois ans. Il est au bénéfice d'une bourse du Fonds national de la recherche scientifique.

09 mai 2008, 12:00

Un texte dans la revue américaine «Science» a déclenché l'engouement outre-Atlantique. Ali Miserez et ses collègues de l'Université de Californie à Santa Barbara y décrivent les vertus du bec de calmar (voir encadré ci-dessous). Le magazine «National Geographic», la BBC, ABC s'y sont intéressés.

Eh oui! Le calmar a un bec qui lui permet de broyer ses proies. «C'est fascinant, dit le chercheur. Il n'y a pas de minéral. Ce n'est pas pareil aux os ou aux dents. C'est comme un polymère (réd: du plastique) entièrement organique.» En gros, le bec de calmar est dur d'un côté et souple de l'autre, comme du cartilage. Comprendre comment il se constitue permettrait, par exemple, d'envisager une application dans le domaine des prothèses. Prothèses qui s'useraient moins vite qu'actuellement.

Le bec de calmar «est un des sujets qui s'englobe dans un thème général, le biomimétisme. Nous étudions les matériaux biologiques naturels», dit Ali Miserez. Les moules ou les vers de terre marins font l'objet d'études intenses. Comment les moules adhèrent-elles à la roche ou aux vitres d'un aquarium? «Le professeur pour lequel je travaille a commencé à étudier ce phénomène il y a 20 ans», explique le chercheur suisse.

Quant aux vers de terre marins, ils «prennent des sédiments, construisent des structures tubulaires et s'y cachent». Comme s'ils utilisaient du ciment qui tient sous l'eau. «Le secret là-derrière, c'est la biochimie de cet animal. Si nous arrivons à bien comprendre, on pourrait créer des nouveaux types de colle. C'est l'étape la plus difficile: dupliquer la nature.»

L'avantage de ce type de recherches est aussi à chercher du côté de l'éthique. «Le ver de terre marin, le poisson ou le calmar, ça pose moins de problème du point de vue de l'expérimentation.» En effet, les défenseurs de la cause animale ne manifestent pas autant d'ardeur à dénoncer que s'il s'agissait de mammifères à quatre pattes.

Plus personnellement, Ali Miserez profite de ces recherches pour approfondir ses connaissances en biochimie et en biologie moléculaire. Pourquoi Santa Barbara? «Dans ce domaine, les scientifiques sont pointus. De plus, je joins l'utile à l'agréable», lâche-t-il en évoquant la douceur du climat. L'université compte trois laboratoires: matériaux; biochimie et science marine; chimie. «A Santa Barbara, ils ont tendance à collaborer», se réjouit Ali Miserez.

Aujourd'hui, le Chaux-de-Fonnier est à un tournant. «Je suis dans un bel endroit mais je dois maintenant prendre des décisions.» Il est en train de prospecter «pour trouver un poste de professeur. C'est une suite logique». Où? «Là où c'est intéressant et où il y a de bonnes conditions de travail. ça pourrait peut-être être en Asie». / DAD

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