C'est l'histoire d'un mec, Luka (Bénabar, pour son premier rôle au cinéma s'en tire délicieusement) qui s'est approprié discrètement textes et chansons d'un autre. Il héberge Francis (Franck Dubosc, qui arrive à jouer bien un mime maladroit - faut l'faire!), pour le moins collant et profiteur. Revient au pays Thomas (Jocelyn Quivrin - lunaire chez Sarkozy, cinq ans de retard sur la réalité). Luka fait tout pour que son ex-partenaire ne sache pas qu'il est devenu chanteur célèbre: multiplication de gags en tous genres, en mots, en gestes, en actions.
Voici du vaudeville clair et franc. Thomas ne sait donc pas qui est Sarkozy. C'est un gars qui a épousé une chanteuse, lui glisse-t-on. Dans le cinéma d'humour franchouillard (genre «Coco»), on aurait insisté sur le gag verbal, on en aurait profité pour goriller la chanteuse et la petite taille du gars qui dit souvent «Je». «Incognito» n'est pas franchouillard. Le gag verbal passe avec légèreté comme chat qui ne se brûle pas sur braise. Le ton est plaisant. Le réalisateur Eric Lavaine en est à son deuxième film. Il s'est fait les dents comme scénariste à Canal +sur «les Guignols» et «H», la délirante série avec Debbouze et Bideau.
Aux deux tiers du film, Luka ne parvient plus à cacher une vérité que Thomas vient de comprendre. Francis passe pour celui qu'il n'est pas. La relance intervient au bon moment. On aura ri, souri. Avec l'apparition de Yolande Moreau dans un court rôle apporte un moment d'émotion. A la fin un bébé naît, tout rose, Francis a fait patienter le public de l'Olympia, Thomas n'en veut plus à personne. La Mercedes (sponsoring?) sombre de Luka reste luxueuse même si une porte froissée est devenue orange. Après nonante minutes de légèreté, de charme, «Incognito» s'offre le luxe de bien se terminer, ce qui n'est pas si facile à faire finement.
Réalisateur: Eric Lavaine
Genre: comédie
Durée: 1h34
Age: 7 ans, suggéré 10
Avec: Bénabar, Franck Dubosc, Jocelyn Quivrin
Cinémas: Bio, Neuchâtel; Corso, La Chaux-de-Fonds