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Quarante ans, trop vieille pour procréer

Une Chaux-de-Fonnière de 40 ans rêve d'un second enfant par insémination artificielle. Mais son traitement ne sera pas remboursé, en raison de son âge. Les assurances serrent la vis.

22 mai 2012, 00:01
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"C'est une véritable injustice que je vis et que d'autres femmes subissent! En arrivant à 40 ans, c'est comme si les assurances nous disaient: maintenant, vous n'avez plus le droit d'avoir des enfants."

Carole vient de devenir quadragénaire. Cette habitante de La Chaux-de-Fonds est la maman d'un petit Théo, un premier enfant qu'elle a mis au monde à l'âge de 38 ans. "Il a été conçu par insémination artificielle, car ma trompe droite est bouchée. Cette insémination avait réussi du premier coup et les coûts avaient été pris en charge par mon assurance maladie de base."

Deux ans plus tard, Carole et son conjoint Miguel décident de donner un petit frère ou une petite soeur à Théo. "J'ai pris contact avec le centre d'infertilité d'Hôpital neuchâtelois, à Pourtalès, pour commencer le traitement. Les médecins ont écrit à mon assurance pour lui demander de prendre en charge les coûts, en précisant qu'ils étaient confiants quant aux chances de réussite, vu que la première insémination avait fonctionné du premier coup."

 

Aucune limite d'âge claire

 

Mauvaise surprise: l'assurance maladie de Carole, la caisse Intras basée à Genève, refuse de rembourser le traitement. "Nous vous informons que les conditions de prise en charge d'un traitement de la stérilité ne sont pas remplies" , répond l'assureur . "En effet, du fait de l'âge de la patiente, les critères d'efficacité, d'adéquation et d'économicité sont contestables pour le traitement prévu. Nous ne sommes donc pas en mesure de rembourser les prestations pour les stimulations ovariennes et les inséminations." Carole est sous le choc en apprenant la nouvelle. "Si j'avais su que l'âge limite était fixé à quarante ans, nous aurions mis en route notre deuxième enfant juste après le premier. Personne ne m'avait informée de cette limite!"

Mais aucune limite d'âge ne figure dans l'ordonnance fédérale sur l'assurance maladie. Selon le texte, l'insémination artificielle, c'est-à-dire l'injection du sperme du conjoint directement dans la matrice de la femme, fait partie des prestations obligatoires de l'assurance de base. La Lamal rembourse intégralement trois tentatives d'insémination par grossesse.

 

Diminution drastique de la fécondité

 

"L'ordonnance ne définit pas de restrictions liées à un âge limite" , confirme Daniel Dauwalder, porte-parole de l'Office fédéral de la santé publique. "Par contre il est possible qu'en raison de l'âge d'un patient, l'efficacité, l'adéquation et l'économicité d'un traitement ne soient plus garantis. Ces trois critères doivent être respectés pour qu'un remboursement soit effectué."

Car une méthode peut perdre en efficacité à partir d'un certain âge. "Dans le cas de l'assurance de base, les prestations sont payées par la collectivité. Si les statistiques démontrent qu'à partir de 40 ans, le coût d'une insémination est trop élevé par rapport aux probabilités de succès, la prestation sera refusée" , explique Anne Durrer, porte-parole de Santésuisse.

Et cela même si la méthode a fonctionné du premier coup pour Carole, deux ans auparavant? "La question de l'efficacité se base sur des règles statistiques, et non sur une étude de chaque cas en particulier. On sait que statistiquement, la fécondité diminue drastiquement avec l'âge" , complète Anne Durrer.

 

Des frais importants pour le couple

 

Ça, c'est la réponse de Santésuisse. Celle de l'assureur Intras diverge en partie. La porte-parole de la caisse, Céline Reymond Joneleit, affirme qu'il n'y a pas de limite d'âge fixée chez les assureurs, puisque "l'âge seul n'est pas un critère valable pour refuser un tel traitement" . Quarante ans est donc "un âge indicatif" qui varie selon les individus. "C'est pourquoi un examen individuel de chaque cas est effectué par l'intermédiaire de notre médecin-conseil. Si toutes les conditions sont réunies et les chances de succès élevées, il arrive que nous soyons en droit de couvrir de tels frais au-delà de 40 ans."

Le préavis positif des médecins du centre d'infertilité de Neuchâtel pour le cas de Carole n'était visiblement pas assez positif pour convaincre l'assurance...

Malgré la réponse d'Intras, Carole et Miguel ont tout de même décidé de recourir à l'insémination artificielle. "Mais nous n'irons pas au-delà de deux tentatives. Les frais sont très élevés et si l'on poursuit, on va s'endetter. Le coût du traitement pour un mois s'élève autour de 2000 francs."

Autant dire que le couple n'envisage pas non plus, pour des questions financières, de recourir à la fécondation in vitro, non remboursée par les assurances et dont les coûts avoisinent les 10 000 francs.

"Je trouve cela révoltant! Une femme de 40 ans devrait pouvoir devenir maman sans se poser cette terrible question financière" , confie Carole. "Les toxicomanes, on leur rembourse leur méthadone. Nous, nous souhaitons créer une vie!"

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