Quand les «nanas» se rebellent

05 oct. 2007, 12:00

Présenté dans le cadre du cycle Passion cinéma «L'éternel féminin», «Shut Up & Sing» («Ferme-là et chante») est un documentaire profondément émouvant. Tout commence à Londres, en 2003, la veille du jour où les troupes américaines vont entrer en Irak. Trio de country texan féminin adulé aux Etats-Unis, les Dixie Chicks donnent un concert. Sans crier gare, Nathalie Mains, la leader du groupe, déclare au public toute son aversion pour la politique de George Bush: «Pour votre information, nous avons honte que le président des Etats-Unis soit originaire du Texas!»

Cette petite phrase va déclencher une véritable tempête. En effet, les trois «Chicks» («nanas») ne sont pas n'importe qui! A elles seules, Nathalie Mains, Emily Robinson et sa s?ur Martie Maguire totalisent à ce jour plus de trente millions de CD écoulés, ce qui en fait le groupe féminin le plus «vendeur» de l'Histoire. La réaction ne se fait pas attendre. Les manifestations «anti-Chicks» se multiplient. Les trois jeunes femmes sont victimes d'un boycott généralisé des médias américains. On les insulte, allant même jusqu'à les menacer de mort.

Du jour au lendemain ou presque, les traîtresses sont mises au ban de la nation. Alors que nombre de leurs pairs ont mis une sourdine à leur liberté d'expression pour complaire à une industrie du divertissement des plus peureuses, ces trois mères de famille, bien loin de se rétracter, décident de ne pas la boucler et de continuer à témoigner leur opposition en chansons. Dans le très beau documentaire qu'elles leur consacrent, Barbara Kopple et Cecilia Peck retracent ce qui s'apparente une véritable prise de conscience. Pénétrant dans l'intimité des musiciennes, les deux réalisatrices parviennent à restituer admirablement leur quotidien bouleversé. Très loin des effets de manches à la Michael Moore, cette réussite exemplaire a failli ne pas voir le jour? Pressions politiques obligent! / vad

La Chaux-de-Fonds, Scala 3; 1h32