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Quand la dentelle des Montagnes régnait sur les marchés d'Europe

2027: Guido Huguenin arrive au Centre d'information du Crêt-du-Locle. Il y trouvera les témoignages nécessaires pour son enquête sur l'histoire socio-économique des Montagnes neuchâteloises. Premier chapitre: la dentellerie. Le bâtiment, conçu par un architecte local, reprend la forme des fermes neuchâteloises. Avec ses panneaux solaires en lieu et place de bardeaux, son aspect n'en paraît pas moins futuriste. Guido Huguenin découvre le Centre d'information du Crêt-du-Locle. C'est ici que l'association Mémoires du futur compile les documents ou témoignages qui ont fait le sel de la vie locale. Dûment renseigné par les employés du site, l'historien se rend au rayon des DVD. Ce disque est devenu la mémoire des humains. Données écrites et audiovisuelles y sont stockées avec précision.

24 juil. 2007, 12:00

Malgré la chaleur régnant à l'extérieur, la température est douce. Les ingénieurs ont réussi à créer un air propice au travail mais aussi à la méditation. Ce qui n'est toujours pas le cas dans la caserne de la gendarmerie et du SIS, distante d'un petit kilomètre. Notre économiste n'en a cure. Il s'attelle au mandat que lui a confié la Confédération. Aujourd'hui, il va faire un retour de près de quatre siècles dans le passé.

Quel était le développement des Montagnes au XVIIe siècle? Le site internet de la ville du Locle lui donne un premier indice. En 1648, le traité de Münster réinstaure une paix qui favorise dans la Mère-Commune un regain d'activités: la fabrication d'horloges de clochers et d'intérieur, l'exploitation des richesses minérales, le commerce des drapiers, des tailleurs, des merciers, des perruquiers, des chapeliers côtoient l'art des maçons, des tailleurs de pierre, des serruriers, des charpentiers, des menuisiers, des ébénistes. La prospérité économique à laquelle les femmes ne sont pas étrangères; leur production de dentelles neuchâteloises se vend régulièrement jusqu'aux foires de Beaucaire, de Francfort et de Leipzig, ce qui fait du Locle la plus importante localité des Montagnes.

Guido avait été bien renseigné. Il se rappelait avoir visité une exposition au Château des Monts du Locle. Bien avant l'horlogerie, la dentellerie avait fait la réputation des Montagnes neuchâteloises.

Une lecture attentive de trois ouvrages sur le sujet lui en dira encore davantage, notamment «La dentelle de Neuchâtel» de Marie-Louise Montandon (éditions Attinger), qui sont des sources précieuses. Ce dernier ouvrage «présente la part féminine de l'économie neuchâteloise de cette période au travers des activités de Mélanie Montandon du Locle, cheffe d'entreprise faisant travailler près de 800 dentellières entre 1820 et 1840».

De la seconde moitié du XVIIIe siècle au début du XIXe, cette industrie est la plus grande pourvoyeuse d'emplois - dont 90% de femmes - dans ce qui est alors la principauté de Neuchâtel. L'horaire de travail est rude: seize heures par jour. Les principales sociétés familiales sont établies au Locle, à La Chaux-de-Fonds et au Val-de-Travers. Les débouchés commerciaux sont principalement l'Allemagne, la France et l'Italie. Utilisant les mêmes réseaux de distribution que l'horlogerie, la dentelle neuchâteloise se vend même sur le continent américain.

L'apparition des métiers à tisser mécaniques, la concurrence étrangère et l'attrait de l'horlogerie sonneront le glas de l'industrie de la dentelle en pays neuchâtelois. Elle redevient une activité artisanale.

La première journée de Guido au Crêt-du-Locle a été fructueuse. Ce soir, il va profiter des nombreuses terrasses du Pod, avenue animée où le trafic a été banni. /DAD

Demain: l?apparition des manufactures
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