Avec «Bach's'Cage», une musicienne et un comédien confrontent deux compositeurs: l'un très classique, l'autre ultra contemporain. Que reste-t-il de Bach après le passage de créateurs iconoclastes comme John Cage? Dès ce soir, à La Chaux-de-Fonds, les six «Suites pour violoncelle seul» seront nourries de bruits, de paroles, mais aussi de silences.
Il n'est pas possible de définir «Bach's'Cage ou le triptyque du silence». C'est quelque chose de plus qu'un concert de classique. C'est John Cage qui se retourne sur Johann Sebastian Bach; c'est un étrange mélange scénique de violoncelle, de paroles, de cuisine et de mouvements. C'est le moment même où les bruits deviennent musique, où la théorie tourne à la poésie.
«Je n'emploierais pas le terme d'expérience pour qualifier notre travail», explique cependant la violoncelliste Agnès Vesterman: «C'est plutôt une recherche, une recherche d'expression.» Le duo français que cette musicienne forme avec l'artiste Vincent Vedovelli, auteur et acteur de «Bach's'Cage», s'est spécialisé dans les spectacles polymorphes où la question des limites entre les arts et les genres tend à perdre toute sa pertinence.
La création de «Bach's'Cage» a lieu ces trois prochains soirs au théâtre ABC, en trois parties indépendantes. Toutes les «Suites pour violoncelle seul» de Bach y sont interprétées. Chaque représentation commence par l'une d'elles. Elle est suivie de musiques et de textes du 20e siècle lus, chantés et joués par les deux artistes. Entrent alors en scène les uvres de John Cage, cet inventeur du silence.
En fin de spectacle, une autre Suite de Bach tombe comme un rideau sur chacune des trois soirées. Eparpillées dans ce triptyque, certaines pièces rappelant Cage ont été rédigées ou composées par Vesterman et Vedovelli eux-mêmes. La violoncelliste prétend «emmener le public de Bach à la musique contemporaine, puis revenir à Bach pour voir ce qui a changé en chemin».
D'ailleurs, Bach et Cage sont loin d'être inconciliables. Chez l'un comme chez l'autre, la musique participe d'une démarche spirituelle à laquelle Agnès Vesterman est attentive. Selon celle-ci, les uvres classiques «ne peuvent s'interpréter qu'au prix d'un certain silence, un silence intérieur, un apaisement de l'esprit». /tle
La Chaux-de-Fonds, théâtre ABC, du 20 au 22 janvier, à 20h30. Le 23 janvier à 16h30, Agnès Vesterman et Vincent Vedovelli interprètent «Dingdongueries», un spectacle musical pour enfants