Réalisateur norvégien, Bent Hamer a accédé à la notoriété grâce à «Kitchen Stories» (2003) qui dissertait de façon drolatique sur la nécessité d'adapter les cuisines aux besoins des célibataires scandinaves. En 2005, il a récidivé dans la même veine décalée avec «Factotum», adaptation du roman éponyme de Charles Bukowski. Aujourd'hui, il atteint les sommets avec «La nouvelle vie de Monsieur Horten», son cinquième long métrage très applaudi à Cannes
Adepte de la comédie à combustion lente, chère à ses compères nordiques Roy Andersson et Aki Kaurismäki, ce réalisateur indépendant s'attache ici aux pas d'un conducteur de locomotive parfaitement irréprochable. L'heure de la retraite sonnant, Monsieur Horten se rend au pot d'adieu offert par ses collègues. A cause d'un interphone défectueux, il s'égare et dérive au gré de situations plutôt insolites. D'abord otage d'un enfant-roi, le retraité frais émoulu se retrouve au sommet d'un tremplin de saut à ski, avant de paniquer dans la voiture dont le chauffeur conduit les yeux bandés!
Au gré de rencontres de plus en plus absurdes, le protagoniste sera amené à faire le bilan peu amène d'une existence réglée dont il n'a jamais voulu sortir des rails Avec une étrange douceur burlesque, le réalisateur instruit le procès d'une glaciation des sentiments, des émotions. Il est aidé en cela par la performance magistrale de l'acteur Baard Owe qui éclata sous la direction du grand Dreyer dans «Gertrud» (1964), avant de devenir des années plus tard l'un des comédiens fétiches de Lars Von Trier. /vad
La Chaux-de-Fonds, ABC; 1h30