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«Oublie Jésus et cogne!»

02 déc. 2007, 12:00

Sec, froid, brutal. Le bruit métallique de la porte en guise d'introduction. Nous sommes assis devant une cellule de prison hyperréaliste, à quelques centimètres de l'action. A l'intérieur de cet espace diminué s'entrechoquent des destinées fragiles. La mise en scène de Matthieu Béguelin impose une proximité affolante, on peut sentir le souffle des comédiennes.

Dans les murs du petit théâtre de l'ABC, à La Chaux-de-Fonds, se joue en ce moment une pièce de Denise Chalem. «Dis à ma fille que je pars en voyage», vibrante tragédie, se trouve épaulée par une exposition sur le thème de l'enfermement au Temple allemand.

Une geôlière (Nathalie Sandoz), dans un rôle multiple et nuancé, imprime par ses visites aux détenues un rythme cadencé. Deux femmes, Dominique (Rachel Esseiva) et Caroline (Maya Robert-Nicoud) en proie à la solitude apprennent à s'aimer? Amour de survie, dicté par la peur et les contraintes du milieu carcéral.

Des mots crus qui se ressentent physiquement et dessinent une solidarité teintée de sang. De ce milieu infertile naît pourtant un germe de compassion, laissant imaginer une nouvelle définition de la complicité. Là se trouve l'enjeu. Dans la vie et l'espoir, petite lucarne laissant filtrer le soleil dans la cellule morne. Car il faut apprendre, soupeser, estimer, approcher de plus près encore ce qui est évident. Quand un cri retentit, il n'y a pas d'échappatoire. Le spectateur en prend pour son compte et personne n'est épargné.

«Oublie Jésus et cogne!». La pièce se vit comme cette petite phrase cinglante. Sans concession, sans autre préoccupation que d'approcher la réalité. Joué, touché, coulé. / pxs

La Chaux-de-Fonds, ABC, ce soir à 20h et demain à 17h (rendez-vous au Temple allemand); Neuchâtel, Caves du palais, 6, 7, 8, 13, 14 et 15 décembre à 20h, 9 et 16 à 17h
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