Comment optimiser la récupération d’un sportif blessé? Comment récupérer après une chirurgie orthopédique? Deux questions auxquelles le Dr Vincent Villa, spécialiste en orthopédie, traumatologie et médecine du sport à l’hôpital de la Providence, à Neuchâtel, apportera des réponses à l’occasion d’une conférence organisée la semaine prochaine (lire encadré). En préambule, il constate que l’hyper-sollicitation est une cause fréquente de complications: trop souvent, les sportifs continuent à s’entraîner quand ils sont blessés. «C’est difficile de leur faire comprendre que la douleur est un signal d’alarme à prendre au sérieux. Par ailleurs, pour augmenter la performance, des périodes de repos sont indispensables!»
Pour améliorer la récupération d’un sportif après blessure, l’objectif est de rééquilibrer les muscles, stimuler les récepteurs, soigner les contractures. Cela passe par des séances de physiothérapie, d’ostéopathie et/ou de massages. L’électrostimulation peut être utilisée pour la récupération de la force musculaire. «En phase aiguë, après une chirurgie notamment, la cryothérapie (traitement par le froid) appliquée localement s’avère utile: elle diminue l’œdème, les saignements et les douleurs post-opératoires. Les patients consomment par conséquent moins d’antalgiques», explique le Dr Villa.
Mobilisation précoce
La récupération post-opératoire a passablement évolué ces vingt dernières années. Lever et mobilisation (physiothérapie) interviennent plus précocement pour solliciter les muscles. Quant aux attelles, on y recourt moins longtemps qu’auparavant. Additionnées à la cryothérapie, ces mesures permettent de récupérer plus vite. En revanche, insiste le spécialiste, «le temps de rééducation est incompressible: sportif de pointe ou pas, il n’y a pas de raccourci possible pour la réadaptation. Pour une lésion ligamentaire du genou, il faut compter avec une convalescence de six mois avant de pouvoir reprendre le sport.»
Pluridisciplinaire, la rééducation est personnalisée, car chaque patient est différent. Adapté aux spécificités de chacun, le programme est réévalué à plusieurs reprises durant la période de réadaptation.
Lésions du genou
Egalement orateur à la conférence, le Dr Alain Perrenoud, spécialiste en orthopédie et traumatologie à la clinique Montbrillant, à La Chaux-de-Fonds, s’exprimera sur les lésions traumatiques du genou (entorses, déchirures ligamentaires et du ménisque, lésion du cartilage, fractures ou luxations de la rotule). Pas spécifiques à la course à pied, ces blessures peuvent être provoquées par des chutes ou accidents de ski, football, hockey, etc.
Toujours plus fréquente, la chirurgie du ligament croisé antérieur est pratiquée pour protéger le genou de lésions méniscales secondaires et prévenir une arthrose précoce.
En 30 ans, les techniques opératoires (grâce à l’arthroscopie notamment), les connaissances biologiques et la rééducation sont devenues plus pointues.
Meilleure compréhension de la pathologie
«On a une meilleure compréhension de la pathologie, ce qui a débouché une chirurgie moins invasive. Autrefois, on opérait rarement des patients au-delà de 30 ans, se souvient le Dr Perrenoud. Aujourd’hui de nombreuses personnes font du sport jusqu’à un âge avancé et il nous arrive de les opérer pour une lésion du ligament croisé antérieur. Mais la décision découlera toujours d’une pesée d’intérêts: plusieurs paramètres (âge, état physique et biologique, mode de vie, type de profession) entrent en ligne de compte.»
L’évolution est aussi significative dans le traitement des déchirures accidentelles d’un ménisque. Lorsqu’une intervention chirurgicale est nécessaire, dans la plupart des cas, seul 20 ou 30% de cette structure fibrocartilagineuse est retirée, alors qu’auparavant l’ablation était totale. «Nous essayons de sauver un maximum de tissu méniscal pour éviter que le patient ne développe une arthrose précoce», explique le chirurgien orthopédiste. Cela dit, les traitements des traumatismes du genou ne se résument pas forcément à la chirurgie: c’est le cas des déchirures partielles du ligament collatéral interne, d’une majorité de luxations de la rotule et de certaines lésions accidentelles du cartilage.