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Opération mains propres

Une parfaite hygiène des mains pourrait permettre de réduire de moitié les infections contractées dans les hôpitaux. Une campagne nationale a été lancée hier. Visite pratique au service de chirurgie 2

27 janv. 2006, 12:00

u'ils se lavent les mains dix fois ou vingt fois, je m'en fiche. Le personnel doit être propre, bien sûr, mais surtout capable et serviable.»

Dans son lit de «chir 2» à l'hôpital de La Chaux-de-Fonds, Pierre Guillet, à la veille d'une opération, a d'autres soucis que de regarder si le personnel soignant se lave ou non les mains avant tout contact. Il sait pourtant que la journée d'hier marquait le coup d'envoi de la campagne mains propres (lire ci-contre). «Comment voulez-vous que Monsieur Guillet y fasse attention, alors que nous en sommes encore à informer les soignants», commente l'infirmier coordinateur de l'action, Pierre Vanderavero, l'un des «champions» de l'équipe chaux-de-fonnière chargée de la campagne.

«Il ne faut pas tomber dans la parano», lance l'infirmier spécialisé en prévention des infections. De 5% à 7% des malades parmi les plus vulnérables sont victimes d'une infection dans l'établissement de la rue de Chasseral, c'est moins que dans les hôpitaux universitaires plus pointus. C'est le tribut payé à une médecine plus performante mais plus délicate.

Parmi les germes qu'un individu normal promène avec lui (leur nombre est estimé à 10 puissance 14!), l'ennemi le plus fréquemment reconnu répond au doux sigle de «MRSA», un staphylocoque doré résistant aux antibiotiques qui peut provoquer des infections cutanées, voire déclencher des pneumonies. Une parfaite hygiène des mains, à l'évidence premier vecteur de propagation, pourrait en tuer la moitié, lit-on dans la documentation de la campagne.

Mais dans la pratique, se laver les mains - les désinfecter plutôt - est très contraignant. Le personnel hospitalier devrait le faire jusqu'à 30 fois par heure, révèle une large observation faite en décembre à La Chaux-de-Fonds, avant et après tout contact avec un patient, avant et après tout acte antiseptique, comme un pansement, et même après contact avec un objet proche du lit, comme la table de nuit. «Nous l'apprenons dès le début de nos études, mais des fois on zappe, il faut toujours remettre l'ouvrage sur le métier», constate Lucie Delannoy, l'infirmière responsable du service où est hospitalisé Pierre Guillet. Pour elle, le bagne, c'est l'isolement des patients porteurs - parfois sains - de germes de ces infections dites nosocomiales, avec sas à l'entrée de la chambre et port du masque obligatoire. «Ils se sentent comme des pestiférés», compatit l'infirmière.

Le message de la campagne, c'est l'usage systématique de la solution hydroalcoolique, mille fois plus efficace qu'un savon. Chaque soignant en a une fiole dans la poche, disponible à tout moment. Mais ça ne suffit pas: l'enquête montre que ce geste «de prévention et de respect» n'est automatique qu'à 50 pour cent. Les «champions» de l'hygiène ont du pain sur la planche... /RON

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