L'établissement d'un budget n'est pas juste un exercice comptable. C'est un acte politique. Un Etat y inscrit ses priorités, fait des choix, trace une ligne.
Le projet du gouvernement Studer va, ainsi, au-delà d'un simple transfert de charges sur les communes. Il ne s'agit pas (pas seulement) de biffer par un tour de passe-passe 15 millions au déficit pour les faire réapparaître dans les budgets futurs des communes. Si l'opération se limitait à cela, on n'aurait pas besoin de ministres, une bonne calculette suffirait. Et on donnerait 100% raison aux communes furieuses de se voir imposer de nouvelles charges, elles qui n'ont guère de marge de manuvre pour établir leurs propres budgets.
Non. Le projet du Conseil d'Etat doit se lire comme un encouragement à l'action. Ce qu'il souhaite? Que les communes se regroupent, collaborent davantage, concrétisent leurs processus de fusion, autant de manières d'éviter les doublons et d'économiser.
Si la manière avait été moins brusque, moins dictatoriale, pour reprendre le terme employé par des conseillers communaux à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel, peut-être que cette vision aurait pu émerger dans le brouillard des chiffres. Mais les communes, et en particulier les villes, n'ont pas le sentiment d'avoir joué les cigales lorsque le canton se faisait fourmi. Elles aussi ont dû redresser la barre. En 2004 et 2005, elles avaient aussi plongé dans les chiffres rouges. La suppression des camps de ski avait été un sacrifice parmi d'autres. Pourquoi aujourd'hui devraient-elles faire les frais d'un Etat dont l'objectif principal, c'est en tout cas leur impression, est de faire accepter par les députés un budget présentable - le meilleur de ces 30 dernières années?
Hier, le Conseil d'Etat a essayé par tous les moyens de démontrer qu'il était «légitime» que les communes fassent un effort - et qu'elles en avaient les moyens. Peine perdue. L'affaire se jouera devant le Grand Conseil en décembre. A moins que le dialogue ne puisse reprendre. Et que chacun comprenne qu'il n'y a ni cigale ni fourmi, mais le souci partagé du bien commun. C'est ce qu'on espère.