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Ne deviens surtout pas mon ami

Tiré d'une biographie «non autorisée», le nouveau film de David Fincher révèle le revers sombre de la fabuleuse «success story» de Facebook, réseau social tentaculaire né de la frustration d'un étudiant introverti. Passionnant, mais tout de même un peu décevant, venant de la part de l'auteur de «Seven».

13 oct. 2010, 08:06

En sept longs métrages, David Fincher est devenu l'un des cinéastes américains les plus intéressants du moment, surtout après «Zodiac» (2007), un film étonnamment réflexif sur l'évaporation d'un tueur en série, dans les années soixante. Nous avions gardé intacte notre admiration en découvrant deux ans plus tard «L'étrange histoire de Benjamin Button», une manière de rêve merveilleusement éveillé. A l'annonce que le réalisateur de «Fight Club» (1999) allait s'emparer du bouquin de Ben Mezrich, au titre original des plus savoureux quoique interminable («The Accidental Billionaires: The Founding Of Facebook, A Tale of Sex, Money, Genius, and Betrayal»), notre cœur de cinéphile s'est mis à battre à vingt-quatre coups par seconde!

Depuis, notre rythme «ciné-cardiaque» est redevenu normal. De fait, même si le résultat s'avère très honorable, force est de constater que «The Social Network» reste en deçà des deux titres précités. L'histoire en est archiconnue, mais là n'est pas le défaut… A l'automne 2003, un étudiant d'Harvard, féru d'informatique, se fait larguer par sa copine. Ulcéré, Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg) pirate le «Who's who» de l'université, dont il emprunte le trombinoscope pour créer un site internet revanchard où il expose la gent féminine à la vindicte, par le biais d'un système de notation peu amène… De fil en aiguille, cette basse vengeance numérique va complètement se métamorphoser, pour devenir Facebook, un réseau social qui, à fin 2009, compte près cinq cents millions de membres connectés! Dans l'intervalle, Zuckerberg devient milliardaire, à moins de trente ans.

Loin de la bête hagiographie, Fincher saisit surtout ce destin dans ses moments les plus ambigus, révélant la face cachée de son protagoniste à travers le prisme nullement enjolivé de deux poursuites judiciaires. La première est lancée par les jumeaux Winklevoss, lesquels accusent l'«inventeur» de Facebook de leur en avoir volé l'idée. Dans la seconde, plus fratricide, Zuckerberg a maille à partir avec Eduardo Savarin (Andrew Garfield), un ami de la première heure, dont l'aide fut très, trop précieuse… Incisif sur le plan du scénario, le réalisateur l'est beaucoup moins question mise en scène, assez peu inventive. Manifestement, l'univers du Web ne l'inspire guère! Il y avait pourtant formellement de quoi faire, ne serait-ce que pour nous faire ressentir cet hiatus extraordinaire qui voit le créateur du plus vaste réseau social au monde perdre tous ses amis, «connecté» à une profonde solitude. /VAD

Réalisateur: David Fincher
Genre: drame
Durée: 2h
Age: 12 ans, suggéré 14
Avec: Jesse Eisenberg, Justin Timberlake
Cinémas: Apollo 1, Rex, Neuchâtel; Eden, Scala 2, La Chaux-de-Fonds

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