Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Mythes en série illimitée

Jouer jusqu'à épuisement du stock de spectateurs? C'est l'expérience que tentent Théo Huguenin-Elie et Robert Sandoz, auteurs de deux pièces. A voir à La Chaux-de-Fonds ouer jusqu'à ce que mort s'en suive. Sans tuer personne pour autant. Autrement dit, jouer jusqu'au moment où le spectacle mourra de sa belle mort, faute de spectateurs. C'est l'expérience que tenteront Théo Huguenin-Elie, Robert Sandoz et leurs 18 comédiens, amateurs et professionnels confondus, dès lundi à l'Ancien Stand de La Chaux-de-Fonds.

22 janv. 2006, 12:00
Rendez-vous récurrents

De même que la télé ou la radio programme des feuilletons à heure fixe, les deux compères agenderont chaque semaine deux pièces dans le même endroit, l'une tous les lundis, l'autre tous les mardis. Jusqu'à épuisement du stock de spectateurs... «Nous espérons créer ainsi une forme d'habitus chez notre public, explique Théo Huguenin-Elie. Nous serions heureux de pouvoir jouer au moins jusqu'à fin mars. De plus, en attirant ce public dans un lieu qui, au départ, n'était pas destiné aux représentations, nous espérons renouveler son expérience du théâtre. Les spectateurs, par exemple, seront parfois plus proches des comédiens». Pas de quoi s'inquiéter cependant, personne ne sera appelé à descendre dans l'arène...

Dans le sillage d'Olivier Py

«Le lundi, c'est raviolis!», s'exclamait-on dans «La vie est un long fleuve tranquille» de Chatiliez. A l'Ancien Stand désormais, le lundi c'est «Hamione», et le mardi c'est «Fred ou l'amour de Matt Amour». Deux textes écrits indépendamment l'un de l'autre, mais qui ont néanmoins un air de famille. En 2002 en effet, Robert Sandoz, auteur d'«Hamione», et Théo Huguenin-Elie, auteur de «Fred», se sont engagés ensemble dans la grande aventure de «La Servante». La profonde complicité qu'ils ont nouée alors n'est pas retombée avec le rideau. Ne s'est pas éteinte non plus l'admiration que les deux Chaux-de-Fonniers vouent à Olivier Py, l'auteur flamboyant de cette pièce fleuve. «Nous partageons sa vision universaliste du théâtre et de la société, vision qui va à l'encontre du matérialisme et de l'individualisme rampants», résume Théo Huguenin-Elie.

Dans le sillage de Py et, aussi, de feu Jean-Luc Lagarce, tous deux écrivains et hommes de scène, les deux amis exploitent les ressources du mythe et de l'intertextualité afin de raconter ces histoires qui, selon la définition de Salluste, «ne se sont jamais passées, mais qui se passent à chaque fois pour chacun d'entre nous». Contraction d'Hamlet et d'Antigone, «Hamione» met en scène deux jumeaux, échos de Polynice et d'Etéocle lancés par leur mère dans une quête qui les confronte à notre société mercantile et impitoyable. Anagramme imparfaite de Phèdre, Fred s'incarne en une comédienne vainement amoureuse de son beau-fils, homosexuel. Et qui choisit de mourir avec le personnage qu'elle interprète dans une pièce créée par l'homme qui l'aima jadis.

«Robert et moi aimons un théâtre intimiste dans l'esprit mais qui, dans la forme, tient un peu de la grande machine». Ici, les effets devront toutefois s'adapter aux moyens, plus modestes on s'en doute que ceux dont dispose Olivier Py. Restent un effectif fourni et un espace généreux, dont Robert Sandoz, également metteur en scène, exploite les moindres recoins. «Nous utilisons des échafaudages, ils permettent de créer une multitude d'images. Nous disposons aussi d'un écran et d'une musique jouée en live. La simplicité reste de mise mais on verra quand même deux ou trois choses assez déjantées!». / DBO

La Chaux-de-Fonds, Ancien Stand, tous les lundis dès le 23 janvier («Hamione»), tous les mardis dès le 24 janvier («Fred ou L?amour de Matt Amour») à 20h

Votre publicité ici avec IMPACT_medias