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Libanaises au bord de la crise de nerfs

Trois femmes égarées dans l'arrière-pays désertique du Liban dressent une carte onirique de leur pays natal. Un premier long métrage étonnant de la jeune réalisatrice beyrouthine Dima El-Horr qui n'a pas trop le cœur à la fête!

30 avr. 2010, 11:05

Le jour de la Fête de l'indépendance du Liban, trois femmes prennent un bus qui doit les mener dans une prison située dans l'arrière-pays. Elles ne se connaissent pas, n'ont pas même de prénoms. De générations et de «nationalités» différentes (l'une est palestinienne, les deux autres, libanaises), elles n'ont qu'une seule langue presque commune (le français) et accomplissent ce voyage pour diverses raisons: «la femme du gardien» (Hiam Abbas) rapporte l'arme de service que son gardien de mari a oubliée à la maison. «Celle qui veut divorcer» (Manal Khader) projette de faire signer à son ex-époux emprisonné les papiers entérinant leur séparation. Enfin, la plus jeune (Raïa Haïdar), fraîchement mariée, a hâte de rendre visite à son conjoint qui a été arrêté par l'armée le jour de ses noces. Las, une balle perdue vient malencontreusement faucher le conducteur du bus. Les trois femmes décident de continuer ensemble, à pied…

Née à Beyrouth en 1972, la réalisatrice Dima El-Horr a coécrit son premier long métrage avec Rabih Mroué, un jeune dramaturge sulfureux qui, dans ses pièces, n'hésite pas à passer au papier de verre de l'humour noir l'actualité dramatique de son pays. En résulte une comédie allégorique, trouée de visions oniriques déconcertantes, qui tranche sur la production arabe habituelle, plutôt vouée au réalisme. De rencontre en rencontre, de réminiscence en réminiscence, «Chaque jour est une fête» dresse avec une acuité toute féminine la carte d'un pays divisé, fantomatique, où le monologue tient lieu de communication. Une première œuvre des plus singulières tachée de rouge, à la manière d'un Almodovar qui aurait filmé ses «femmes au bord de la crise de nerfs» dans un no man's land désertique!

En avant-programme de l'ovni cinématographique pilotée par Dima El-Horr, le spectateur découvrira non sans intérêt un autre film de femme, lui aussi lié au Pays du Cèdre. Il s'agit du court métrage de la réalisatrice suisse Eileen Hofer, «Le deuil de la cigogne joyeuse», qui décrit avec une profondeur universelle le départ en exil d'un jeune couple libanais. /VAD

Neuchâtel, Apollo 3; La Chaux-de-Fonds, Scala 2; 1h25

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