En matière de revenus des travailleurs, Bernard Soguel ne veut pas dramatiser la situation. Même si une étude «montre effectivement qu'il y a une petite différence entre le salaire des Suisses et celui des frontaliers. Mais pas dans toutes les catégories». Le conseiller d'Etat neuchâtelois corrobore une partie des propos tenus par le parlementaire jurassien Jean-Claude Rennwald à la tribune du National lors de la dernière session des Chambres fédérales.
Le socialiste de Courrendlin a évoqué une baisse de 5% du salaire d'embauche des frontaliers entre 2004 et 2006 lors du récent débat sur les bilatérales. Lui répondant, la conseillère fédérale Doris Leuthard a admis qu'il y avait un problème dans les cantons de Neuchâtel et du Jura. Sans vouloir confirmer le taux de 5%. Les deux cantons et la Confédération procèdent à une analyse approfondie de la situation. «Parce que nous ne constatons pas un tel effet dans les autres régions de la Suisse», a précisé la ministre de l'Economie.
C'est dans ce contexte que le canton de Neuchâtel a mené son étude. Les résultats détaillés seront dévoilés après les vacances. Un constat s'impose: les bas et les hauts revenus sont concernés. Les frontaliers sont moins bien rémunérés que les travailleurs domiciliés en Suisse. Pour Bernard Soguel, «normalement, il ne devrait pas y avoir de différence».
Le conseiller d'Etat pointe aussi du doigt les agences de placement. «Pas toutes. Il y a toujours polémique sur l'action de certaines de ces agences. Nous allons faire une série de propositions à la Confédération pour modifier la loi. Elle ne correspond plus à la réalité. Elle est plutôt utilisée par certaines entreprises, pas la majorité, pour externaliser leurs ressources humaines.» En dix ans, le nombre d'agences de placement dans le canton a doublé. Elles sont aujourd'hui une soixantaine.
Quant aux différences de salaires, elles touchent essentiellement des entreprises non conventionnées. «Il n'y a pas photo!» L'hôtellerie, la restauration et la vente sont concernées. «Les établissements publics admettent qu'il faut qu'ils s'organisent. A Neuchâtel, il y a une prise de conscience. C'est un secteur où il y a pas mal de frontaliers», confie le chef du Département de l'économie. Du côté des branches conventionnées, il y a moins de problèmes. «Elles sont mieux organisées», constate le conseiller d'Etat. C'est le cas notamment de la construction et de l'horlogerie.
Pour Bernard Soguel, la commission tripartite - elle s'occupe de contrôler le marché du travail - devrait avoir «plus de moyens juridiques.» Notamment pour obliger les entreprises, même si elles ne sont pas conventionnées, à appliquer les CCT. / DAD