Malheureusement, les jeunes se sont présentés en petit nombre. Désintérêt ou manque de publicité? La question se pose. Quoi qu'il en soit, le débat a été intéressant. La quinzaine de jeunes - dont environ la moitié du PJ - a pu poser des questions pertinentes et les deux représentants de la police, en l'occurrence le chef du Service du domaine public Blaise Fivaz et Eddy Beiner, chef de la police de proximité, ont pris le temps d'y répondre.
Marion Houriet, la présidente du PJ, a lancé la discussion en demandant simplement aux policiers quelle image ils avaient de la jeunesse? «Elle n'a aucun a priori, c'est l'avenir», relève Eddy Beiner. «C'est notre devoir de servir de garde-fous, aussi bien avec le problème des drogues qu'avec la circulation, enchaîne son collègue. Il faut considérer les sanctions comme une grande part de prévention.»
Soit. Mais plusieurs jeunes ont souligné qu'ils voient «uniquement le côté répressif». Il leur est donc difficile de considérer comme acte préventif un contrôle inopiné, pour «délit de sale gueule» par exemple. La question brûlait les lèvres de tous les jeunes: admettez-vous qu'il y a certaines personnes qui se font plus contrôler, voire fouiller, que d'autres? «Par rapport à la couleur? Non, ça n'existe pas», avance Eddy Beiner.
Dans la salle, un jeune métis réagit à ces propos: «Une fois, je rentrais chez moi à la sortie d'un bistrot, j'étais seul et calme. Devant moi se trouvaient trois jeunes Blancs pas nets à leur démarche. Et c'est moi qui me suis fait contrôler...»
Le médiateur et animateur de la soirée, Thomas Saas, un ancien du PJ, demande alors si les personnes sont choisies à la tête du client. «Oui, à la tête du client et à la démarche, note Eddy Beiner. Et pour nous, c'est aussi plus simple de contrôler une personne qu'un groupe de trois.» Même si les comportements turbulents sont plus fréquents en groupe. «Seuls, les jeunes sont tout gentils, alors qu'en groupe, ils s'autorisent des choses qu'ils ne feraient pas autrement.»
Il a été admis au cours de la soirée que le racisme existe - comme partout - au sein de la police. «Il y a des pédophiles chez les curés... Des brebis galeuses, il y en a partout», admet Eddy Beiner. «Est-ce qu'on peut dire que le penchant pédophile de la police, c'est le racisme, peut-être?», essaie de comprendre Thomas Saas. «Le policier est un être humain, avec ses défauts et ses qualités, répond Blaise Fivaz, sans langue de bois. C'est vrai, quelques policiers ont des a priori par rapport aux gens de couleur ou qui viennent du continent africain. Il ne faut pas se voiler la face, la couleur de peau a joué un rôle dans le cas évoqué! Il faut oser le dire, certains policiers sont racistes. Il faut essayer de lutter là-contre.»
Il est difficile pour un bon policier d'encaisser les bavures de certains de ses collègues, trop zélés. Et il est difficile pour un jeune qui se fait contrôler sans raison apparente de porter dans son coeur les représentants de la loi. Les interventions varient. Certaines sont réalisées préventivement, dans le but d'aider le citoyen, d'autres sont moins justifiées, voire totalement exagérées. Le dialogue s'est en tout cas avéré enrichissant. «On espère pouvoir continuer de se parler, avancer dans ce processus qui ne peut que faire du bien à tout le monde», conclut Alexandre Bédat. / SBI