Oscillant entre banalité et glorification, le verre échappe à toute catégorisation définitive. Comme le dit si bien l'artiste, «si on regarde à travers une fenêtre, finalement on n'aperçoit pas le verre Par contre si on regarde à travers mes briques, c'est complètement différent: le verre insignifiant de la vitre devient un objet en tant que tel, devient une matière. Il contient dès lors de nombreux éléments, comme des vis ou des morceaux de fils électriques, qui lui donnent ainsi vie».
Se jouant de l'espace et de la lumière, ses multiples feuilles de verre fusionnées les unes aux autres suscitent une dimension unique de la profondeur. Le regard circule à l'intérieur du volume, allant même jusqu'à le traverser, dans une liberté absolue. Une vision sans cesse altérée par des trous, des creux, des intrusions, des émaillages et des formes peintes parfois à même la brique, telle une distorsion apparente sous forme de bosse externe à la sculpture, donnant un nouveau point de vue central convexe et déformé.
Figés, les matériaux apparaissent incrustés dans le verre, tels sacralisés par leur mise en évidence décontextualisée au sein d'une vitrine, soit deviennent insaisissables, portés par la luminosité qui traverse le verre, développant leurs multiples facettes colorées à l'oeil du spectateur amusé. Le thème principal de la recherche d'Alexandre Urfer trouve son ampleur dans la transformation. «Mon art, s'exprime-t-il, c'est la transformation du verre, mais aussi une transformation de ma personne C'est une transformation de l'intérieur qui se déroule, car j'utilise des plaques de verre que je récupère». Partant en effet d'objets abandonnés, à utilité précise, telle une serre de jardin, l'artiste transforme la matière afin de la faire renaître en briques de verre sans utilité, hormis leurs caractères esthétiques et artistiques, comme une «sorte de prolongement de la matière cellulaire du verre». Un accès à la fois ludique et spirituel vers la magie de la transparence. / SEC
Marin, Galerie Z, jusqu?au 30 juin