Hier matin, un 40 tonnes en a livré 25, de ces boues résiduelles odorantes - ce qu'il reste quand les eaux notamment ménagères ont été épurées - venues des trois communes du Val de Morteau (Villers-le-Lac, Morteau et Grand-Combe-Châteleu). Depuis que la step a passé un contrat de cinq ans avec ses voisines d'outre-Doubs, en automne 2006, il vient quatre ou cinq camions par semaine au bout de la Combe-des-Moulins. Les Français paient 200 000 euros par an pour ce service. La step chaux-de-fonnière a gagné ce marché ouvert à toute l'Europe de l'élimination des déchets.
C'est ce nouveau marché - il peut être lucratif - qui a poussé la Ville à acheter une microturbine (suite à un crédit de 250 000 fr. voté par le Conseil général). Après son extension à 30 millions en 2004, la step avait déjà installé un groupe de couplage chaleur-force pour produire chaleur et électricité en brûlant le biogaz provenant de la digestion des boues. Mais la nouvelle turbine permettra de rendre la step quasi autonome, en faisant passer la couverture de ses besoins en électricité de 50% à 85% à pleine puissance.
Le processus technique est un peu compliqué. Etonnamment, les boues ne contiennent que 3% de matières sèches pour 97% d'eau, a entrepris d'expliquer en conférence de presse le chef de la step Jacques Vidal, en présence de l'ingénieur communal Jean-Claude Turtschy et du conseiller communal Pierre Hainard. La step concentre ces matières sèches à 6%, avant d'enfourner le tout dans un digesteur à bactéries, qui dégrade les matières organiques pour produire du biogaz riche en méthane. «Avec 100 kg de matières sèches, on produit 30 kg de biogaz, l'équivalent de 20 kg de mazout», a expliqué Jacques Vidal. Une fois «raffinées», les boues françaises produisent l'énergie de 40 000 kg de mazout. Ou, autrement dit, ces 5400 m3 de boues ont un potentiel de production électrique de 190 000 kWh.
Ces beaux chiffres font rêver les responsables de la step, en particulier l'ingénieur en thermodynamique qu'est Pierre Hainard. «On peut imaginer vendre de l'électricité à SIM», dit celui qui est aussi son président du conseil d'administration. Musique d'avenir. En attendant, la step fait du pied à une quatrième commune française pour ses boues. Il ne semble pas qu'il y ait de bons plans côté suisse. Hier, en tout cas, ce sont les autorités françaises qui sont venues inaugurer la microturbine. / RON