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Les 36 stratagèmes, ou l'art de la ruse expliqué à tous

Traité secret de ruses écrit il y a près de 500 ans, les «36 stratagèmes» n'ont été découverts qu'en 1941. Depuis, cet ouvrage ne cesse de fasciner les stratèges aussi bien que les milieux économiques. Explications avec Harro von Senger, spécialiste des «36 stratagèmes». «Tuer avec le couteau d'un autre», «cacher le poignard derrière un sourire» ou «attirer le tigre de la montagne vers la plaine». Voici quelques ruses faisant partie des «36 stratagèmes».

06 mars 2008, 12:00

Cet ouvrage chinois écrit il y a quelque 500 ans et consacré à l'art de la ruse est aujourd'hui encore une référence pour nombre de stratèges militaires. Mais aussi de top managers. Harro von Senger, professeur de sinologie à l'Université de Fribourg-en-Brisgau en Allemagne, expert en droit chinois à l'Institut suisse de droit comparé à Lausanne et spécialiste des «36 stratagèmes», donnera ce soir au Club 44, à La Chaux-de-Fonds, une conférence sur ce fascinant traité.

Harro von Senger, comment avez-vous découvert les «36 stratagèmes»?

Alors que j'étudiais à Taipei, sur l'île de Taïwan, l'un de mes professeurs m'a dit un jour que des 36 plans (je ne connaissais pas alors le terme «stratagème»), le meilleur était la fuite. Je lui ai demandé quels étaient les 35 autres. Comme il n'a pas pu me répondre, j'ai continué à poser la question autour de moi, jusqu'à ce qu'un étudiant chinois qui habitait dans le même campus que moi me les écrive sur un morceau de papier.

C'est donc de là qu'est parti votre intérêt pour ce traité?

En réalité, je ne m'y suis vraiment plongé qu'un peu plus tard, au milieu des années 1970, lors de la période autour la mort de Mao. J'étais à Pékin, la situation politique était très mouvementée. J'ai remarqué en lisant la presse que les critiques formulées contre les dirigeants, qu'ils soient du clan de Mao ou de ses adversaires, étaient toutes basées sur les «36 stratagèmes». J'ai alors compris qu'il ne s'agissait pas simplement d'un traité ancien, mais de quelque chose de vivant et toujours actuel.

Dans les nombreux livres que vous avez publiés sur la question, vous soulignez la portée universelle des «36 stratagèmes». Pouvez-vous donner des exemples concrets?

Bien sûr! Prenez la ruse numéro 3, intitulée «tuer avec un couteau emprunté». C'est exactement ce qu'ont fait les Etats-Unis en Afghanistan, en utilisant Ben Laden contre les Russes dans les années 1980. «Faire du bruit à l'est et attaquer à l'ouest», c'est la tactique favorite des voleurs à la tire, lorsque l'un fait diversion pendant que l'autre dérobe l'objet. Quant à «observer l'incendie sur la rive opposée», cette phrase décrit à merveille la neutralité suisse.

Cet art de la ruse n'est donc pas l'apanage de la Chine?

Pas vraiment. Mais nous, les Occidentaux, nous ne percevons ces stratagèmes que de manière floue et très primitive, sans réussir à les identifier précisément, car nous ne possédons pas la terminologie nécessaire. C'est comme si, dans le domaine de la médecine, le langage permettait uniquement de dire «vous êtes malade», mais sans avoir les termes qui permettent d'expliquer de quelle maladie il s'agit.

Vous-même, vous arrive-t-il de vous laisser prendre à l'un ou l'autre des 36 stratagèmes?

Un jour, alors que je lisais dans le train, je me suis un peu penché, si bien que mon porte-monnaie, dans la poche de ma veste, était bien visible. Plus tard, je me suis aperçu qu'on me l'avait subtilisé. En l'occurrence, le voleur avait apliqué le stratagème intitulé «emmener un mouton en passant». Il n'avait vraisemblablement rien prémédité, mais avait simplement saisi l'occasion qui se présentait à lui. /NHE

Conférence «Les 36 stratagèmes. L?art de la ruse - cultivé en Chine, négligé en Orient», ce soir à 20h au Club 44 à La Chaux-de-Fonds
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