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Le non-dit était presque parfait

05 juin 2009, 08:56

Née en Suisse, Lea Pool est l'une de nos réalisatrices parmi les plus prolifiques, avec plus de vingt-cinq films à son actif, au détail près qu'elle a mené toute sa carrière ou presque au Canada dont elle a aussi la nationalité!

Féministe, la cinéaste a réalisé à ses débuts plusieurs longs métrages de fiction qui constituent autant de portraits de femmes, à la pudeur subversive en regard de l'exhibitionnisme ambiant. Pensons à «Anne Trister» (1985) et «A corps perdus» (1988) qui traitent de la différence sexuelle avec une douleur sourde que l'on pressent autobiographique.

Depuis «Lost and Delirious» (2001), qui restitue les émois homosexuels d'une adolescente en internat, et «Le papillon bleu» (2004), où elle s'attache aux pas d'un enfant atteint du cancer rêvant d'attraper le plus beau papillon du monde, Lea Pool vise un plus large public. Un virage confirmé par «Maman est chez le coiffeur» dont l'action est située en 1966. Un quartier résidentiel à la campagne, le car de ramassage scolaire libère des mômes très joyeux à la perspective de longues vacances d'été. C'est le cas d'Elise, douze ans, et de ses deux petits frères, Coco et Benoît. Las, ce bonheur va être des plus éphémères.

Elise surprend un téléphone ambigu entre son père et un partenaire de golf. En pétard avec sa mère journaliste, l'ado lui passe la communication. Quelques jours plus tard, l'épouse outragée quitte le domicile conjugal et fuit à Londres où s'est libéré un poste providentiel de correspondante pour la télévision canadienne. Laissés à eux-mêmes, avec leur père claustré dans le non-dit, les trois enfants vont réagir chacun à leur façon…

De ce sujet audacieux et prometteur, Lea Pool ne tire pas grand-chose, évitant toute allusion au «problème» paternel. Sur le plan de la direction d'acteurs, c'est plus intéressant: aux adultes «surjouant» volontairement leur détresse, la réalisatrice oppose des enfants stupéfiants de naturel avec, à la clef, un effet de contraste qui sert le sujet profond du film, la perte de l'innocence. Vincent Adatte

Vincent Adatte

Neuchâtel, Apollo et La Chaux-de-Fonds, Scala, 112 min

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