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Le mythe décortiqué à La Chaux-de-Fonds

Le président du Conseil général de La Chaux-de-Fonds, Théo Bregnard, n'a pas craint d'affronter le mythe en direct, samedi dans son discours officiel, au Bois-Noir. Une fête marquée par une température méditerranéenne et un esprit bon enfant dont «Bilanz» ne parlera jamais.

03 août 2009, 04:15

Il s'appelle Steve, elle, c'est Chloé. Haku - ou est-ce Nadège? - est de La Chaux-de-Fonds. La petite tribu déguisée n'a pas passé inaperçue, samedi, lors de la soirée du 1er Août sur la plaine mythique du Bois-Noir. Steve arborait une coiffure blanche en épi et avait revêtu un costume bleu. «Steve est venu de Basse-Normandie exprès pour passer le 1er Août ici», dit Haku. «J'ai fait dix heures de route pour venir ici, car je suis d'abord passé prendre Chloé à Lille», dit Steve. Les trois se sont rencontrés lors d'une convention de «cosplay» à Paris. En résumé, les adeptes de ce hobby se costument comme des héros de mangas japonais.

Le rapport avec le 1er Août? Aucun. Si ce n'est que la présence de ces trois jeunes pouvait symboliser à elle seule le thème principal du discours du président du Conseil général, Théo Bregnard, qu'il a conclu par ces mots: «Je suis fier d'être Suisse, mais fier d'une Suisse qui a le goût des autres et non d'une Suisse qui a peur.» Avant d'en arriver à cette conclusion, l'orateur n'a pas craint d'affronter le mythe à mains nues.

Ainsi, nous croyons fêter cette année le 718e anniversaire de la Confédération? Que nenni! Car la Confédération n'est pas née en 1291. Le pacte dit du Grütli, n'a d'ailleurs pas été signé au Grütli, mais à Brunnen (SZ). C'est à Brunnen aussi qu'a été signé, en 1315, après la bataille de Morgarten, un pacte autrement plus important entre Uri Schwytz et Unterwald que celui de 1291. Seulement, autour de 1890, lorsque les autorités suisses de l'époque cherchaient une date historique pour célébrer l'origine de la Confédération, 1315 ne faisait pas l'affaire: on n'allait pas attendre 1915 pour fêter un 600e anniversaire. Le pacte de 1291 fut convoqué et le 1er Août était né.

L'orateur, après avoir détruit le mythe, l'a néanmoins habilement récupéré, en montrant que l'invention de cette tradition «permit finalement d'unir des gens de différentes langues, origines et religions dans un même pays, la Suisse.» Car, au temps où elle a, en quelque sorte, inventé le 1er Août, «la Suisse n'était pas un pays homogène», mais «un vrai patchwork.»

Côté organisation, la fête a été marquée par une innovation bienvenue: l'interdiction de lancer tout engin pyrotechnique et d'allumer le moindre pétard à l'intérieur du périmètre. Les amateurs de volcans et de fusées ont été cantonnés à l'extérieur par un système de barrières vauban et une surveillance discrètre mais efficace de la société de sécurité mandatée. Les sans doute plus de 2000 personnes présentes ont apprécié. La température agréable a permis à la soirée de se prolonger au-delà de minuit.

A Pouillerel, une cinquantaine de personnes ont écouté le discours du conseiller général Philippe Lagger autour du grand feu. Le thème principal de son allocution a tourné autour de l'accueil de l'autre.

En début de soirée, une soixantaine de personnes ont assisté à la cérémonie du souvenir dirigée par le président du comité du 1er Août, Patrick Haldimann. L'hymne national a été interprété par la fanfare l'Echo de la Montagne de Montlebon (France). /LBY.

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