Comme toute maladie et plus encore peut-être, le cancer engendre la peur. Comment faire face à cette épreuve? Peut-on se situer autrement qu'en victime de la maladie? La souffrance va-t-elle désormais occuper toute la place dans la vie du malade? Autant de questions qui seront soulevées demain à La Chaux-de-Fonds, lors de la conférence de Lydia Müller intitulée «Cancer: pour le pire ou pour le meilleur?».
«Beaucoup vivent le cancer comme une punition, un coup du mauvais sort ou une malchance qui les poursuit, dit la psychologue. C'est un choix de le ressentir comme tel. Il se trouve que l'on peut modifier cet état intérieur en donnant un sens à ce qui arrive. Appréhender différemment la maladie dans son ensemble, et dans chacun de ses symptômes». En guise d'exemple très concret, la psychologue évoque sa propre expérience de malade, car elle a été confrontée elle-même au cancer l'été dernier. Elle a d'abord, confie-t-elle, assimilé sa première chimiothérapie à des cocktails de poison et de contrepoison. La personne chargée de l'accompagner lui a fait prendre conscience que parler de «poison», c'était émettre un jugement envers le produit injecté, et que ce jugement affectait sa manière de le recevoir. «En tant que psychologue et accompagnante, je connaissais bien sûr l'importance de la visualisation. Mais quand le cancer vous tombe sur le nez, vous fonctionnez différemment, vous manquez vous aussi de recul!»
Lydia Müller a appris à mettre d'autres images sur sa chimio, à regarder le «poison» comme un feu destiné à détruire le mal, le contrepoison comme de l'eau protégeant ce qui ne devait pas être brûlé. Elle a appris aussi à ne pas juger l'état d'extrême faiblesse quand ces mêmes traitements la «mettaient à genoux» et qu'elle «se traînait comme une larve».
Lydia Müller s'attachera à montrer que vivre un traitement au quotidien, c'est aussi reconnaître et accepter ses besoins, s'autoriser à être faible. Elle dira comment elle et les malades qu'elle a accompagnés ont tiré profit de leur état plutôt que de le subir. «Cette maladie a peut-être quelque chose à réveiller en nous, c'est une épreuve qui peut nous pousser à évoluer, elle peut devenir une source de transformation au niveau de l'accomplissement de soi. Beaucoup de personnes atteintes du cancer ne savent pas qui elles sont. Elles ont vécu pour les autres, elles ont été déterminées par eux et n'ont jamais pris en compte leurs propres envies, leurs propres rêves».
Très importante, la quête de sens (le pour quoi) n'occultera pas le pourquoi, autrement dit les causes, non pas matérielles (la radiation par exemple) mais psychosomatiques, de la maladie. «Je parlerai des conflits intérieurs, de ceux qui sont inextricables au point de faire abdiquer la personne intérieurement, de paralyser le système immunitaire. Il faut se montrer très prudent car un conflit n'engendre pas forcément un cancer; on ne peut pas se permettre d'établir de telles corrélations». / DBO
La Chaux-de-Fonds, aula du lycée Blaise-Cendrars, mercredi 17 mai à 20h15