«Le vrai plaisir, dans ce métier, on le trouve dans les rencontres!» Il sait de quoi il parle, Jean-Marie Schaller, lorsqu'il raconte comment est né le dernier objet horloger de sa marque, Louis Moinet, une véritable uvre d'art baptisée «Meteoris». Car il a fallu deux rencontres très spéciales pour que ce projet fou aboutisse.
Avec Luc Labenne, d'abord, un chasseur de météorites français qui lui a fourni les pierres incrustées dans les quatre montres - des tourbillons - que met en valeur ce planétarium. Puis avec Rémy Chauvin, un spécialise de l'engrenage, concepteur déjà d'une horloge astronomique extraordinaire exposée à Morteau. C'est lui qui a réalisé ce système solaire complet, de Mercure à Pluton, constitué de 40 engrenages et de dix tubes coaxiaux.
Présenté cette semaine à Genève dans le cadre de Geneva Time Exhibition (GTE), le salon de l'horlogerie indépendante, «Meteoris» ne laisse personne indifférent. «C'est l'aboutissement d'un long processus de réflexion, qui nous a amenés à sortir de l'horlogerie pour aller vers l'astronomie», explique Jean-Marie Schaller, qui avait déjà fait une première excursion dans l'espace avec son tourbillon «Magistralis», dans lequel était incrustée une pierre lunaire. Mais avec «Meteoris», il va beaucoup plus loin: quatre météorites différentes, et pas n'importe lesquelles: la première vient de Mars, découverte à Oman en 2008, la deuxième est d'origine inconnue mais composée de la plus ancienne roche connue du système solaire et âgée de 4,6 milliards d'années (trouvée dans le Sahara en 1999), la troisième provient d'un astéroïde proche du soleil, et la quatrième est lunaire. «Ce sont toutes des météorites de légende», résume Jean-Marie Schaller. Elles sont incrustées dans les cadrans des quatre tourbillons qui accompagnent le planétarium. Des montres au mouvement neuchâtelois lui aussi, puisque le tourbillon a été réalisé par Concepto, à La Chaux-de-Fonds.
Prix de cette folie? «4,9 millions de francs», répond sans hésiter le patron de la marque Louis Moinet, basée à Saint-Blaise. Qui espère le vendre «à un chef d'Etat, quelque part au Moyen-Orient, pour son musée privé...» Ceux et celles qui auront vu, à Genève, la Terre tourner autour du Soleil en 37 secondes peuvent d'ores et déjà se considérer comme des privilégiés... /FRK