C'est l'histoire d'un boucher, une histoire simple et touchante, avec ses moments drôles et poétiques. C'est l'histoire d'un boucher, mais un boulanger ou un cordonnier auraient pu faire l'affaire, ou tout autre artisan dont le métier tend aujourd'hui à disparaître...
Mais «L'effet coquelicot ou la perspective de l'abattoir», présenté vendredi à La Chaux-de-Fonds, ne se profile pas comme une apologie du temps passé, il ne susurre pas «c'était mieux avant» à notre oreille. A l'origine de la pièce, le comédien Lionel Frésard ne règle pas davantage ses comptes avec une profession dont il a tâté durant un mois et demi d'apprentissage. «J'ai arrêté après un coup de couteau dans l'artère fémorale, mais je ne cherche pas à exorciser la blessure», rigole-t-il. «Je ressens de l'affection et du respect pour la profession».
Le boucher qu'incarne, seul en scène, Lionel Frésard, nous parle de sa vie - la façon dont il exerce son métier est plutôt originale. «J'ai une tendresse particulière pour les gens qui, tel ce personnage, ont un peu raté le train en marche». Le boucher confie ses coups de c?ur, ses coups de gueule, ses actes manqués. «J'sais pas pourquoi j'ai ramassé six coquelicots. J'aime bien quand je ne sais pas pourquoi je fais les choses», dit-il.
Pour faire fleurir l'effet coquelicot, le Jurassien s'est approché de l'auteur compositeur et interprète Thierry Romanens, dont il goûte fort l'univers teinté d'humour. «Je lui ai soumis le thème, il m'a un peu cuisiné et il est rapidement tombé juste. Il a pondu un très beau texte». Le metteur en scène Olivier Périat l'a ensuite accompagné dans ce solo, «un bel exercice, exigeant et périlleux, mais aussi formateur». Avec Périat, Frésard a fait le Conservatoire de Lausanne et créé, avec d'autres camarades encore, la compagnie Youkali, à Lausanne. C'est dire qu'ils se connaissent bien, un atout aux yeux du comédien: «Quand on nous engage, on nous demande souvent de faire ce que l'on a l'habitude de faire, on s'en tient un peu à notre marque de fabrique. Là, j'avais envie de creuser ailleurs, d'aller plus loin, c'est possible quand on est proches». Lionel Frésard se livre à d'autres explorations encore au sein de sa deuxième famille, le théâtre jurassien Extrapol...
La Chaux-de-Fonds, théâtre ABC, vendredi 1er février, 20h30; Saignelégier, café du Soleil, du 22 au 24 février