Présenté en première suisse, le premier long métrage du jeune cinéaste français Cyril Gelblat explore avec sensibilité la problématique de la maladie d'Alzheimer en l'appariant de façon audacieuse à la «Shoah». Quand on rénove un vieil appartement, il importe de ne pas toucher aux murs porteurs, à moins de vouloir mettre à bas tout l'édifice!
A partir de ce fondamental de l'architecture, Gelblat tisse un entrelacs subtil entre mémoires privée et collective. A Paris, de nos jours. Juive ashkénaze, Frida (Shulamit Adar) revient à intervalles réguliers dans l'appartement de la rue de Turenne où elle a élevé ses deux enfants, juste au-dessus de l'atelier de tailleur de son défunt mari. Aujourd'hui, les lieux sont loués à d'autres, mais la vieille dame reste convaincue que l'homme qu'elle a aimé y vit toujours. A chaque fois elle croit entendre sa voix. Mélangeant le français et le yiddish, Frida perd la mémoire, confond passé et présent
Ces symptômes sont bien sûr ceux de la maladie d'Alzheimer qui va agir comme un catalyseur pour son fils et sa fille. Journaliste politique redoutable et redouté, Simon (Charles Berling) n'exerce pas la même acuité vis-à-vis de sa mère, s'obstinant à nier la progression du mal. Femme au foyer divorcée, qui a sacrifié ses ambitions professionnelles pour élever ses enfants, sa sur Judith (Miou-Miou) fait preuve de plus de lucidité et convainc son frère de placer Frida dans un home médicalisé. Reste à décider du sort de l'appartement et l'atelier familiaux: faut-il les vendre ou les conserver dans l'espoir de ranimer une mémoire commune vacillante?
Par le truchement d'un retour en arrière qui nous entraîne au cur du ghetto varsovien, le cinéaste confère alors à ce dilemme une ampleur insoupçonnée. /vad
Réalisateur: Cyril GelblatGenre: Drame psychologique
Durée: 92minutes
Age: 10 ans, suggéré 16
Avec: Miou-Miou, Charles Berling, Shulamit Adar, Giovanna Mezzogiorno, etc.
Cinémas: Bio, Neuchâtel; Scala 3, La Chaux-de-Fonds