Le Conseil communal de Val-de-Ruz n'a pas apprécié que nous indiquions, dans nos articles des 23 et 26 mai dernier consacrés à l'arrêté relatif aux contrôles d'alcoolémie dans l'administration de la commune, que l'auteur de cet arrêté était Claude-Henri Schaller, le conseiller communal en charge des ressources humaines.
Lundi matin, l'exécutif a donc décidé d'adresser une lettre, signée de sa présidente Anne-Christine Pellissier, au rédacteur en chef de "L'Express-L'Impartial". Il lui annonce qu'il " ne peut plus poursuivre sa collaboration " avec deux de nos journalistes, en particulier notre rédactrice au Val-de-Ruz. Il indique ainsi que " leur présence lors d'événements avec les médias et lors de débats publics organisés par notre Autorité " n'est pas envisageable et qu'il ne pourra plus " répondre à leurs sollicitations ".
Par ailleurs, il nous informe, " à toutes fins utiles ", qu'il a " également donné des instructions " allant dans le même sens aux cadres de l'administration communale de Val-de-Ruz.
Une décision visiblement entrée en vigueur immédiatement puisqu'un conseiller communal, contacté lundi matin par notre rédactrice au sujet de travaux routiers à Cernier, lui a séchement raccroché le téléphone au nez! Quelques heures après, nous recevions, par e-mail, la lettre du Conseil communal.
"A notre connaissance"
Cette lettre revient sur notre article du 23 mai, rédigé par notre journaliste au Val-de-Ruz, sur l'éditorial signé le même jour par la rédactrice en chef adjointe et sur le billet publié dans la rubrique "L'Air du temps" le 26 mai. Le Conseil communal relève qu'" à notre connaissance ", les deux rédactrices " n'ont pas assisté à la séance lors de laquelle l'arrêté précité a été adopté ". Elles ne pouvaient donc pas savoir qui était vraiment l'auteur de cet arrêté et l'exécutif s'étonne " de la manière dont ces articles ont personnalisé un document dont l'élaboration et la validation appartiennent à notre Collège et non pas à l'un de ses membres en particulier ".
Pour les édiles de Val-de-Ruz, tant nos journalistes que le rédacteur en chef, qui a " si souvent déploré le manque de collégialité de certains Exécutifs " dans ses éditoriaux, devraient connaître " cet élément fondamental dans le fonctionnement de nos institutions démocratiques ".
" Notre Conseil est profondément attaché à la liberté d'expression et ne craint pas d'affronter la critique ", rappelle la lettre, " mais vos rédactrices ont franchi une limite en ciblant un membre en particulier de notre Conseil. Cela, nous ne pouvons tout simplement pas l'accepter. "
Une copie de ce courrier du Conseil communal de Val-de-Ruz a été envoyée aux membres du Conseil général, aux présidents des sections locales des partis politiques et aux cadres de l'administration communale.
"L'exclusion d'une presse critique"
Hier, dans la matinée, c'est la section des Verts du Val-de-Ruz qui a réagi à ce courrier en indiquant ne pas suivre " le Conseil communal dans l'exclusion d'une presse critique des délibérations des autorité s". Le fait de désigner " personae non gratae " nos deux journalistes ne correspond pas, aux yeux des Verts vaudruziens, avec l'importance de " leur tâche d'information hors de toute pression ".
La section jugeait déjà " clairement abusive " la décision " de mener des mesures d'alcoolémie parmi les collaborateurs " et relève que les médias " ont parfaitement joué leur rôle dans la suspension de cet arrêté ". Selon les Verts, " le Conseil communal bafoue le droit et l'indépendance de la presse " et le communiqué de la section précise également qu'elle soutient " des médias critiques, travaillant avec rigueur et libres de poser des conjectures et même de faire preuve parfois d'un peu d'insolence ".