Ces restructurations suscitent des inquiétudes au sein des enseignants. Mais «c'est une phase transitoire», précise Laurent Huguenin. Le projet visé, c'est une direction intégrée avec des «arrondissements» groupant les écoles primaire et secondaire. Laurent Feuz ajoute: «Dans une phase transitoire, nous avons intérêt à être une équipe plus restreinte pour piloter le projet». Ce que l'on souhaite, c'est qu'un élève soit dans une école, «son» école, et y reste neuf ans. «Et en développant ce sentiment d'appartenance, nous faisons aussi de la prévention au niveau de la non-violence», commente Laurent Feuz.
Réformer l'école. «Le système scolaire tel qu'on le connaît (réd: la répartition entre sections préprofessionelle, moderne et maturité, qui date de 50 ans) est à bout de souffle, commente Laurent Huguenin. Il faut une réforme qui corresponde mieux aux besoins d'insertion au sens le plus large du terme». La composition des classes a changé, avec davantage d'élèves immigrés. La situation économique est dure. L'avenir inquiète. «Les élèves le montrent: «M'sieur, qu'est-ce qu'on va faire l'année prochaine? On doit se donner les outils pour les aider, et aider aussi les familles, tout aussi démunies», résume Laurent Feuz.
L'exemple chaux-de-fonnier. Les outils développés à La Chaux-de-Fonds ont des particularités qui tiennent aussi à sa population. Par exemple, des cours de soutien en maths pour les élèves non francophones de section préprofessionnelle, qui peuvent leur permettre d'entrer à l'Ecole technique sans passer par l'examen préalable; ou des cours d'anglais; ou le projet de développer une classe bilingue...
Le quartier des Forges. Certes, les quartiers de la ville sont des plus divers. De l'avis de Laurent Huguenin, au niveau de l'école primaire, on peut clairement cerner des différences entre, par exemple, le collège des Endroits, quartier à forte proportion étrangère, et le collège des Foulet. Ces différences s'estompent à l'école secondaire, relève Laurent Feuz. A ce propos, Laurent Huguenin relève le «noeud» que constitue pour le quartier le centre des Forges et ses 600 élèves, le fort attachement qu'il suscite, y compris chez les anciens élèves, qui sont là lors du concert de la chorale ou de la remise des certificats. Il évoque certains de ces anciens élèves, qui restent là aux abords du collège, qui n'ont guère de perspectives d'avenir... Là, il juge que l'on manque de moyens adéquats.
Mais La Chaux-de-Fonds n'est pas comparable aux banlieues françaises. Laurent Feuz est lui-même originaire des Forges, tout comme son collègue Pierre-Yves Gerber! / CLD