Si l'Arc jurassien existe, Laurent Kurth ne l'a pas rencontré souvent. Le conseiller communal chaux-de-fonnier a fait preuve d'une saine impertinence, mercredi soir, à Malvilliers, au moment de conclure une longue et parfois fastidieuse série d'exposés sur la nouvelle politique régionale (NPR).
Avant lui, donc, s'étaient succédé des représentants des quatre cantons concernés. Qui, tour à tour, et fort doctement, avaient présenté les visions et les projets bernois, vaudois, neuchâtelois et jurassien. On y avait décelé des traits communs. Un air de famille et un environnement naturel plaisant. Un caractère industriel et une aptitude à exporter ses produits à haute valeur ajoutée. Mais pas trace d'un programme intercantonal de mise en ?uvre de la NPR. «Il y a bien quatre programmes cantonaux avec un petit bout d'intercantonal», constate Laurent Kurth, qui est aussi président de l'Association Centre-Jura.
Pour lui, c'est une des cinq raisons d'affirmer que l'Arc jurassien n'existe pas. Les quatre autres? Il n'a ni pôle urbain fort ni réelle image extérieure. Il n'offre aucun lieu où s'élabore une vision commune. Pire, «il est conçu de l'extérieur», depuis Berne ou depuis Lausanne. Enfin, ces axes de communication sont tournés vers les métropoles extérieures. «Ses deux villes principales, Bienne et La Chaux-de-Fonds, sont reliées par une des pires lignes ferroviaires qui soient...»
L'Arc jurassien n'existe donc que par le constat commun de ses faiblesses. Et par quelques organismes de concertation. Pour Laurent Kurth, il est donc grand temps que les quatre gouvernements définissent ensemble une stratégie de développement. Les grandes réformes en cours doivent être organisées à l'échelon régional: hôpitaux, formation, transports.
«L'Arc jurassien n'existera comme entité que si les exécutifs cantonaux expriment une réelle volonté politique de le faire. Et si l'on retrouve le vrai sens du fédéralisme, instaurant une vraie coopération et non pas une concurrence entre les cantons.» Vaste programme... /sdx