Votre publicité ici avec IMPACT_medias

«Je n'ai rien fait de mal»

Demain s'ouvre le procès des condamnés de la manif anti-UDC devant Polyexpo en janvier 2005. Parmi ceux qui ont fait opposition à l'amende infligée pour participation à émeute, une jeune fille témoigne Eliane (prénom fictif) a poussé un grand ouf de soulagement. En octobre, elle avait demandé un extrait de son casier judiciaire pour son dossier d'entrée dans une école spécialisée. Elle l'a reçu vierge. «Pour moi, c'est évident que s'il y avait quelque chose, je n'aurais pas été admise». Elle attend ces jours-ci une décision d'admission. C'est pour ça qu'elle tient à l'anonymat.

10 mai 2006, 12:00

Eliane est l'une des 41 personnes condamnées par ordonnance pénale pour émeute à l'issue du congrès national de l'UDC à Polyepxo, en janvier 2005. Trois voitures ont été endommagées. L'amende (250 fr. plus 150 fr. de frais) était assortie d'une inscription au casier pendant deux ans. Comme une bonne moitié des condamnés, elle a fait opposition. Elle sera jugée avec les autres demain (lire ci-dessous). «Sur mon extrait, il aurait pu être écrit «instruction pénale en cours». Cette manif aurait pu me coûter ma formation professionnelle.»

Eliane se présente comme une jeune fille sans étiquette. A gauche de coeur, plutôt militante, elle veut exprimer son opinion pour que la Suisse change. «Je n'aime pas son esprit conservateur, carré, traditionnel. La Suisse cache ses problèmes, le chômage, l'immigration, tout ça.»

Une habituée des manifestations? Non. Pas spécialement. Elle était pourtant de celle de Saignelégier contre la venue de Christoph Blocher, en août. Ce qui lui permet de comparer avec les échauffourées de Polyexpo. «A Saignelégier, ça s'est superbien passé. On était le même nombre de manifestants qu'à La Chaux-de-Fonds, mais il n'y avait que six flics pour nous retenir. Ils n'étaient pas habillés en GI's, n'avaient pas de casques, n'étaient pas agressifs. L'un m'a même dit: «Ça ne me plaît pas plus qu'à toi, mais je n'ai pas le choix.»

«Cela m'a fait pitié. C'était complètement décalé. On passait pour des terroristes»

L'UDC, Eliane n'aime pas. Elle dit qu'elle n'aime pas sa politique contre les étrangers, sa xénophobie, sa défense de la loi du plus fort, son capitalisme ultralibéral. Elle voulait le manifester à La Chaux-de-Fonds. «Il y avait des barrières de 3 m de haut et derrière une rangée impressionnante de flics superéquipés. Cela m'a fait pitié. C'était complètement décalé. On passait pour des terroristes.»

La manifestante jure qu'elle n'a pas lancé de cailloux, pas même une boule de neige. Elle n'a pas entendu les sommations de la police. «Très honnêtement.» Mais elle a senti le vent des lacrymogènes. «Je ne m'y attendais pas. Ça vous prend à la gorge, les yeux piquent et les larmes coulent.» Elle s'est réfugiée à l'abri de la maison La Bruyère, à côté du Musée paysan.

La jeune fille ne s'attendait pas à l'amende. «Ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Si j'avais lancé quelque chose oui. Mais là j'étais dans mon droit. J'ai manifesté dans un esprit pacifique. Je n'ai rien fait de mal.» Qu'attend-elle du procès? «Tous acquittés? Il ne faut pas rêver» répond d'abord Eliane, qui a peur d'être tendue devant le juge, de ne pas répondre comme il faut. «Mais surtout j'espère qu'on reconnaisse que, dans le fond, manifester c'est la liberté d'expression.» / RON

Votre publicité ici avec IMPACT_medias