Hommage humaniste à «l'empereur du fer»

25 nov. 2008, 09:10

Langage de l'émotion, de l'instinct et de l'imaginaire, telle se décline l'œuvre de l'artiste Robert Jacot-Guillarmod exposé en ce moment à la galerie 2016 à Hauterive. De dimensions plus modestes que ses créations précédentes, ses sculptures en fer s'affirment continuellement dans la fréquentation des mythes éternels, revécus dans une sensibilité moderniste. L'originalité est, par conséquent, le pari essentiel et fondamental de cet hommage à l'artiste, qui se contente majestueusement de peaufiner son œuvre, sa vie durant, en de subtiles variations.

Né à Lausanne en 1918, Robert Jacot-Guillarmod, l'«empereur du fer» ainsi l'avait déjà qualifié l'écrivaine Anne-Lise Grobéty en 1972, a fait un apprentissage de ferronnier, avant de suivre des cours à l'Ecole d'art de La Chaux-de-Fonds. Désireux de s'affirmer en accord avec les lois de la matière et de la nature, l'artiste crée des assemblages métalliques enclins à une grande unité et à une force centrale divinement remuante. En organisant la matière et en privilégiant sa structure, il s'est efforcé d'isoler l'essence même de ses émotions, celle qui agit sur le moteur de la création. Le dynamisme de ses sculptures élancées naît d'un savant jeu de pleins et de vides articulés avec art et élégance dans la tôle d'acier; les fines plaques sont forgées à chaud, de telle sorte que leur surface martelée rende parfois, sans trahir le matériau, la peau d'un animal.

Parfaitement conscient que ce chemin ne devait pas le conduire uniquement à l'application d'un système esthétique concret, Robert Jacot-Guillarmod délaisse le monde des animaux et des figures humaines, afin de redécouvrir sous un angle nouveau d'autres formes de vie, marquées dans ses œuvres lisses et brillantes par son passage à l'abstraction. Fasciné par les voyages, l'artiste crée également des sculptures chargées de symboles mythologiques et sacrés, naissant de cette expérience, qui nous invitent à percevoir non seulement la géographie de ces lieux, mais encore leur histoire. La création devient ici non seulement un champ expérimental unique, mais surtout un moyen pour l'artiste d'immortaliser une sensation, de confier au cuivre, au fer, à l'acier et au laiton la multitude d'émotions que façonne la vie.

Partout où les traces, entailles et cicatrices dues au marteau, au chalumeau ou à la soudure, partout où les angles, faces, arêtes, plans et volumes s'affrontent, se complètent, ou se juxtaposent, l'artiste humaniste parvient à décrypter quelques fragments de la structure même de l'univers.

Hauterive, galerie 2016, jusqu'au 21 décembre