En deuxième ligue, le plus haut niveau pratiqué dans le canton de Neuchâtel, les équipes en visite au Pavillon des sports savent que si Daniela (19 ans) marque sur son premier tir, elles passeront une sale soirée…

C’est sa grande sœur, Raquel (25 ans), qui nous explique cette loi non écrite du handball. Et comme deuxième meilleure buteuse du tour principal du groupe 8 (57 buts en 10 matches), l’aînée n’est pas trop mal placée pour s’exprimer!

Je ne suis pas forte mentalement. Heureusement, Raquel sait me rassurer.

Daniela Moreira, sœur de Raquel et joueuse du Handball Club La Chaux-de-Fonds

Même si à La Chaux-de-Fonds, elles sont entourées de quelques bonnes joueuses, ce sont bien les sœurs Moreira qui font souvent la pluie et le beau temps sur le terrain.

Il suffit de rester quelques minutes à l’entraînement pour se rendre compte que quand la balle part plus vite en direction des buts, c’est qu’elle vient de quitter la main de Daniela.

Elles pourraient jouer plus haut

«On lui répète qu’a ce niveau de jeu, elle n’a pas vraiment besoin de viser pour que ça rentre», raconte Raquel, qui, elle, possède le tir le plus précis de l’équipe.

Vision du jeu à part, faculté de dicter le rythme, audace d’affronter et de tirer de loin… C’est simple: on n’a trouvé personne pour nous affirmer que les deux Chaux-de-Fonnières de nationalité portugaise n’ont pas leur place en première ligue, voire plus haut.

Difficile de s’exporter

Seulement, elles ont trop l’air de se plaire à jouer côte à côte pour nourrir une autre ambition que celle de se faire plaisir. Et les occasions d’évoluer à l’échelon supérieur en Suisse romande sont quasi inexistantes: «On a le choix entre Yverdon et Genève», confirment-elles.

S’exporter dans «le jeu plus agressif» de Suisse allemande? Cela reste l’exception.

Quand La Chaux-de-Fonds est retombée tout en bas il y a quatre ans (en troisième ligue), après avoir retiré volontairement son équipe de première ligue, Raquel a tenté sa chance en ligue B chez le voisin vaudois. Mais l’expérience a tourné court.

Elle suit sa grande sœur

«Ce n’est pas bien allé avec le coach. Je sortais de première ligue avec 98% de réussite au penalty et il ne me faisait pas tirer…», lâche Raquel, aujourd’hui «bras droit» de sa maman dans la PME familiale, active dans l’horlogerie.

Etudiante en lettres à l’Université de Neuchâtel, Daniela a presque toujours suivi sa grande sœur dans le sport. Quand Raquel a quitté le patinage artistique pour les agrès, Daniela a changé aussi. Et quand il y a dix ans, Raquel a commencé le handball, Daniela s’est empressée de la suivre.

Sur le terrain, s’il arrive à Raquel de laisser passer une adversaire, Daniela s’énerve, parce qu’elle possède l’esprit de compétition dans «tout ce qu’elle fait». «Mais je ne suis pas forte mentalement. Heureusement, Raquel sait me rassurer», livre-t-elle.

J’ai demandé à l’arbitre s’il ne voulait pas me sortir le carton bleu…

Raquel Moreira, à propos de son expulsion du terrain

Même si les sœurs Moreira ne sont pas forcément les joueuses les plus démonstratives, la cadette s’estime «trop impulsive». «Si on touche à Raquel, mon cerveau part en vrille!»

Et à la fin de chaque match, qu’elles gagnent ou qu’elles perdent, elles se font «un câlin» sur le terrain. Sauf exception.

Daniela (à gauche) et Raquel Moreira sont des sœurs très complices, y compris sur le terrain. Photo: Lucas Vuitel

Comme le jour où l’aînée a été expulsée. Avertie cette saison «par un arbitre qui ne contrôlait plus son match», elle a demandé à l’officiel «s’il ne voulait pas sortir le carton bleu, pendant qu’il y était…» Ce qu’il a fait!

Raquel Moreira a donc eu droit à son rapport et a été condamnée à une amende de 30 francs pour «insolence». «Au moins maintenant, on sait que ce carton bleu (réd: plus «grave» que le rouge et introduit il y a quelques années) n’est pas un mythe», sourit la jeune femme.

Il paraît qu’avec le temps, les feuilles de mûrier (Moreira) se transforment en robe de soie. Si Raquel et Daniela restent fidèles à leur ville et leur club de cœur, nul doute que La Chaux-de-Fonds sera réinvitée un jour ou l’autre au bal de la première ligue…

Handball: Raquel et Daniela Moreira, les deux «terreurs» de la Tchaux

Les deux sœurs affolent les compteurs en deuxième ligue. Rencontre au Pavillon des sports.