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«Gulliver», un opéra magique

Adapté du roman de Jonathan Swift, l'opéra de François Cattin «Gulliver, Lilliput aller-retour» nous plonge dans un univers déroutant et magique. Yves Sarda a conservé dans son livret la trame et les ressorts de l'histoire originale, celle d'une rencontre imaginaire entre un chirurgien de marine et un peuple de miniatures.

09 mai 2009, 07:49

Dans une lumière aurorale, Gulliver apparaît à mesure que le décor se dévoile. Des blocs d'images, mobiles et lumineux, reflètent les parties anatomiques d'un corps démembré, suspendues dans le vide. Stephan Grögler signe ici une mise en scène très soignée qui réussit à exposer les personnages, à les distinguer et les mettre en valeur. La scénographie privilégie avant tout le mouvement, la circulation et la fluidité des acteurs.

Ainsi les chœurs d'enfants du Conservatoire de musique neuchâtelois et du lycée Blaise-Cendrars s'animent autour de tableaux visuels et sonores souvent imprévisibles. Grimés et revêtus de masques, les enfants investissent la scène avec aisance. Ils rayonnent d'une étonnante assurance - des artistes à part entière. Les deux chanteurs professionnels leur prêtent naturellement main forte. En particulier, Simon Jaunin, baryton, incarne Gulliver avec force et fragilité. Son jeu témoigne d'une évidente complicité avec les enfants.

Sous la direction de Nicolas Farine, l'Ensemble symphonique de Neuchâtel déploie les lignes épurées d'un long prélude orchestral. Imperceptible, la nuit s'efface; énigmatique, elle se transforme dans la délicatesse des nuances et des timbres mêlés. La partition de François Cattin repose sur un langage musical très personnel, dans la droite ligne de son opéra précédant «Et si Bacon…». Parfaitement orchestrée, joignant un accordéon à l'instrumentarium traditionnel, l'écriture librement atonale est toujours d'une grande précision. Texte et musique se répondent dans l'alternance entre les récitatifs, les chœurs et les intermèdes musicaux. Ces éléments se combinent pour délivrer une lecture nouvelle du conte fantastique.

La sentence de mort prononcée, Gulliver se meurt. La douleur insensiblement se dissout; une dernière fois, le chœur des commentateurs résonne dans une lumière presque abandonnée.

Le travail accompli dans le cadre de cet opéra est remarquable. François Cattin produit ici une œuvre aux contraintes esthétiques et formelles presque insurmontables. Rendre accessible à un public très large le répertoire de la musique contemporaine représente un défi qui soulève l'admiration. /FDU

La Chaux-de-Fonds, L'Heure bleue-théâtre, 9 mai à 19h, 10 mai à 11h; Neuchâtel, théâtre du Passage, 30 et 31 mai à 17h

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