On a pu entendre les deux présentateurs officiels, Fish & Chips, faire état de leur volonté de sauver les boules à neige - ces petits paysages sur lesquels la neige tombe lorsqu'on les secoue. On entendra encore parler d'eux. De graciles créatures colorées, hybrides d'hippocampes et de kangourous, se sont révélées être les chapeaux dans lesquels le public sera prié de verser son obole tout au long du festival. Ce préambule festif s'est interrompu à l'arrivée de l'inquiétant Guido, mentaliste.
C'est la compagnie Les décatalogués qui a inauguré le festival, avec un spectacle intitulé «Mago Mentalista», à voir encore ce soir. Au cri de «Je ne suis pas fou», l'énigmatique Guido, Italien plus volubile qu'une mitraillette, a entrepris de démontrer à un public assez bluffé qu'un accident de voiture avait rendu son esprit perméable à la pensée des autres:
«Le mentalisme, il ne vient pas comme ça, il est entre le destin et le hasard.» Très cérémonial et mettant largement le public à contribution, l'individu a mis à l'épreuve le rationalisme ambiant. Il a deviné plusieurs cartes choisies au hasard, revisité l'art du bonneteau, exhumé une vieille paire de lunettes orange de la mémoire d'une spectatrice.
Le bougre a retrouvé un mot tiré d'un livre, lui-même puisé parmi d'autres livres - dont celui de Christoph Blocher, qui a mal fini: «Quel malheur!» On l'aura compris, Guido le mentaliste est volontiers politique. Mais pas autant que son alter ego John Black, chanteur de droite, que Les décatalogués présentent ce soir encore dans les toilettes de la rue du Collège. /SAB
Cie Les décatalogués, «Mago Mentalista», aujourd?hui à 19h30, scène des Marronniers. «John Black, les concerts de chiottes», à 23h, dans les toilettes de la rue du Collège