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Esperanza et Tristeza au fil de l'Equateur

Présenté dans le cadre du Festival du Sud, «Qué tan lejos» («Si loin») raconte avec finesse le périple de deux jeunes filles à travers l'Equateur, un pays rarement visité par le cinéma. Drôle et très attachant!

27 mars 2009, 11:01

Considéré comme l'un des pays les plus pauvres au monde, l'Equateur ne peut guère se prévaloir d'une réelle tradition cinématographique. Pour preuve, le premier long métrage de la réalisatrice Tania Hermida n'est que le dix-huitième de toute l'histoire du cinéma équatorien! Dans un bus brinquebalant, une jeune touriste espagnole prénommée Esperanza fait la connaissance d'une étudiante indigène. Pour faire un pendant ironique au prénom de son interlocutrice, l'autochtone prétend s'appeler Tristeza (tristesse en espagnol). Avec son sac à dos, son guide et son caméscope, Esperanza est une routarde qui rêve de volcans enneigés et de contrées éloignées. De son côté, Tristeza est une amoureuse au cœur brisé qui veut se rendre dans la ville de Cuenca pour empêcher le mariage de son ex-petit ami.

A un tournant de la route, le bus s'arrête brusquement, en rase campagne. Une grève nationale a été décrétée! Les deux jeunes filles se décident à poursuivre leur voyage par leurs propres moyens, soit à pied. Non sans malice, Tristeza fait un sort lucide au désir d'exotisme de sa «partenaire» qui s'émerveille de l'authenticité du moindre grain de poussière quechua. En chemin, elles croisent Jésus, un illustrateur de livres pour enfants, qui fait aussi route vers Cuenca, mais pour une tout autre raison. Cet homme plein d'acuité doit en effet ramener au pays natal l'urne où reposent les cendres de sa grand-mère. L'aïeule détestant l'avion, son petit-fils lui a juré de son vivant, qu'il accomplirait pedibus ce retour aux sources…

Faisant un atout de la pauvreté de ses moyens, Tania Hermida travaille de façon exemplaire sur le hors champ, pour exprimer de manière très humoristique le chaos qui règne dans sa patrie en proie à une instabilité plus que chronique. A l'exemple de ces deux journalistes très «professionnels» qui témoignent de graves troubles insurrectionnels en photographiant un arbre tombé sur la route! Soucieuse de rompre avec ce qu'elle nomme «le cinéma du tiers-monde», la réalisatrice équatorienne évite avec grâce l'écueil de la description misérabiliste, sans verser pour autant dans le pittoresque de carte postale… Une belle réussite «sanctionnée» par une ribambelle de prix obtenus dans les festivals les plus réputés et un immense succès public dans son propre pays! /VAD

Dans le cadre du Festival du Sud, Neuchâtel, Rex; La Chaux-de-Fonds, ABC

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