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Espaces harmoniques de résonances

09 juin 2008, 12:00

Le trio Carpe Dièse a clôturé sa saison 2007-2008 dans le décor épuré du Temple allemand de La Chaux-de-Fonds. À l'honneur, le compositeur François Cattin dont la pièce «Comédie3» constitue le centre de gravité du concert.

L'ensemble interprète tout d'abord le «Trio à cordes en sol majeur op.9 n°1» de Beethoven. L'exécution de cette ?uvre de jeunesse met en valeur la dynamique des mouvements rapides et la liberté d'écriture des mouvements lents, préfiguration des derniers quatuors. D'une grande invention, le finale offre dans le développement central d'étonnantes modulations harmoniques, rendues avec nuance et passion par Jonas Grenier au violon, Céline Portat à l'alto et Esther Monnat au violoncelle.

La composition de François Cattin surgit dans un contraste total. Dernier moment d'un triptyque, «Comédie3» se défait d'une notation de la hauteur, laissée le plus souvent à la libre appréciation des interprètes. Le choral, autour duquel s'articule la forme de l'?uvre, délimite le point zéro du mouvement. Par l'écriture minutieuse des coups d'archet, le temps alors matérialise l'espace sonore. François Cattin réussit ici un tour de force: les espaces de résonances se plient aux mouvements oscillatoires et aux trémolos, tout autant qu'aux accélérations et aux glissandi infrachromatiques. A la violence du verbe succèdent des lignes presque imperceptibles où le non-dit des harmoniques artificielles tisse le dialogue avec l'inouï. «Comédie3» s'abîme finalement dans les subtilités du registre suraigu. Le vertige annoncé d'une liturgie de cristal. Grandiose!

Le «Trio en sol mineur op.6» du compositeur hongrois Léo Weiner conclut ce concert dans la rigueur et l'exaltation romantiques. La sonorité et l'équilibre entre les instrumentistes fait de Carpe Dièse un ensemble de bien belle facture. / fds

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