«Stratégiquement, l'économie forestière doit soutenir l'implantation d'une unité de grande capacité de transformation du bois en Suisse, estime Olivier Schneider, chargé d'affaires de l'AFN, qui regroupe 3000 propriétaires privés et une soixantaine de propriétaires de forêts publiques. C'est pour elle un moyen d'influencer les prix et le marché.»
L'AFN est entrée à hauteur de 8000 francs dans le capital initial (100.000 fr.) d'HZL, aux côtés de ses associations soeurs bernoise, argovienne et soleuroise. Elle joue aussi le rôle de tête de pont romande du Centre de transformation du bois de Luterbach. Qualifié d'«économique et écologique» par son porte-parole Peter Haerle, ce centre emploiera 200 personnes et recyclera en cellulose et pellets de chauffage les déchets des résineux sciés en poutres et planches.
Ce site soleurois est aussi «idéalement placé». Les régions très boisées (dont Neuchâtel, Fribourg et l'Est vaudois) situées dans un rayon de 100 kilomètres pourront largement alimenter le volume annuel d'un million de mètres cubes de bois planifié à terme.
Président de l'AFN, Claude-Pascal Ruedin se félicite de cette mutation de l'économie forestière, renforcée aussi par le projet d'Aventibois, centre de valorisation des feuillus projeté à Avenches. Soulignant que 80% des bois neuchâtelois sont aujourd'hui exportés, il affirme que les propriétaires forestiers pourraient doubler leur production sans dommage pour la forêt. Car la matière ligneuse croît bien davantage qu'elle n'est exploitée.
Autre point positif pour les propriétaires: l'augmentation de la demande européenne en bois entraîne un redressement des tarifs de vente, expliquent Claude-Pascal Ruedin et Olivier Schneider. Entre juin et octobre, le mètre cube de sapin de qualité B /D est passé de 80 à 97 francs au départ de la forêt. C'est le double du prix de l'après-Lothar, ouragan qui avait provoqué une pléthore de bois. Le fait d'avoir à Luterbach un grand acheteur en Suisse permettra aussi aux vendeurs de demander un meilleur prix à leurs clients étrangers.
Malgré tout, comme les prix actuels ne couvrent pas le coût du bûcheronnage, l'AFN aimerait pratiquer des méthodes d'exploitation plus rentables. Se défendant de vouloir faire des coupes rases, elle combat l'initiative «Sauvez la forêt suisse», déposée par Franz Weber, jugée passéiste. / AXB