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Compagnons d'un temps nouveau

A l'enseigne de Time Aeon, cinq créateurs indépendants ont signé une charte destinée à assurer la pérennité de leur savoir-faire. Derrière de belles idées, un constat un peu amer On les dit volontiers discrets, préservant jalousement leurs secrets, réticents à partager leurs connaissances, préférant les emporter avec eux jusque dans la tombe. Caricature? Peut-être bien: les horlogers, aujourd'hui, veulent transmettre leur savoir, leur passion, veulent davantage communiquer et former ceux qui, un jour, seront appelés à les remplacer. Hier, à Crissier, cinq d'entre eux ont signé une charte destinée à pérenniser leur savoir-faire.

22 janv. 2006, 12:00
«Les jeunes savent bien manier une souris d'ordinateur, mais plus du tout une lime...»

Eux? Des créateurs horlogers indépendants. Robert Greubel et Stephen Forsey (La Chaux-de-Fonds), Vianney Halter (Sainte-Croix), Kari Voutilainen (Môtiers) et Philippe Dufour (Le Solliat). Des personnages «un peu caractériels», concède Philippe Dufour lui-même, mais qui ont eu envie d'avancer ensemble. «Nous ne sommes pas des concurrents», précise l'horloger de la vallée de Joux, et «c'est notre devoir de transmettre notre savoir».

En retrouvant, via cette alliance baptisée Time Aeon («aeon» signifiant quelque chose comme éternité), les valeurs oubliées du compagnonnage: «L'idée est de permette aux jeunes horlogers motivés de parfaire leur technique en passant dans plusieurs ateliers», explique Martial Fragnière, qui est, avec Laurent Bardet, administrateur de Time Aeon. Et, aussi, d'échanger des connaissances, d'organiser des événements et de réunir un cercle de passionnés d'art. Car c'est bien d'art qu'il s'agit: «Dans les écoles, les techniques de base de l'horlogerie ne seront bientôt plus enseignées, tonne Philippe Dufour. Les entreprises n'en ont plus besoin. Elles veulent juste avoir des opérateurs. Il vaudrait mieux y bannir le nom d'horloger!»

Finlandais établi à Môtiers, Kari Voutilainen renchérit: «Les jeunes savent très bien manier une souris d'ordinateur, mais plus du tout une lime...» D'où la nécessité de pérenniser leur savoir. Etonnamment, ces horlogers, souvent venus de l'étranger pour s'installer dans le berceau de l'horlogerie, ont l'impression que les Suisses sont peu sensibles à leur propre richesse. «De l'étranger, c'est tout le contraire. On porte un regard émerveillé sur l'horlogerie suisse», confie Robert Greubel, Franco-Suisse associé à l'Anglais Stephen Forsey, dont la marque est établie à La Chaux-de-Fonds.

Mais si les Suisses manquent de passion, ce n'est pas le cas des cinq mousquetaires de Time Aeon. Qui, disent-ils, sont ouverts à d'autres candidatures. Et ne veulent pas concurrencer l'Académie des créateurs indépendants, dont ils sont pour la plupart membres.

Basée à Avenches, Time Aeon financera ses activités par la vente, auprès d'une clientèle de collectionneurs, de garde-temps estampillés du logo de l'alliance. Les créateurs vont donc contribuer eux-mêmes au fonctionnement de cette nouvelle structure. Leur autonomie financière sera préservée. Car même réunis sous une bannière commune, l'indépendance, ils y tiennent! / FRK

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