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Comédie priapique

12 oct. 2007, 12:00

La vision du dernier film en date de Jean-Jacques Annaud nous a (un peu) plongé dans l'embarras. On se serait très volontiers abandonné à cette fable présocratique, pour faire un petit plaisir posthume à Gérard Brach qui en a écrit le scénario. Juste avant de mourir, le scénariste des «meilleurs» Polanski, aphasique depuis plusieurs années, a laissé délirer une dernière fois son imagination. C'est un autre de ses cinéastes attitrés qui s'est chargé de mettre en images cette ultime fantaisie. A priori, Jean-Jacques Annaud, lequel aime se coltiner des projets insensés genre «L'ours» (1988), était l'homme de la situation?

Dans une île perdue de la mer Egée, Minor (José Garcia) est une créature typique de la Grèce archaïque: mi-homme, mi-cochon, il coule des jours heureux et innocents avec une truie. Tout se précipite le jour où cet être hybride fait une mauvaise chute en épiant une trop jolie femme. Présumé mort, il se réveille nanti d'une éloquence surprenante. Cette faconde miraculeuse lui vaut d'être proclamé roi par les insulaires. Faisant honneur à cette soudaine désignation, le pauvre ne va pas tarder à s'apercevoir que le pouvoir ne fait de loin pas le bonheur.

Ce retour à un paganisme de bon aloi, qui célèbre les vertus de la régression en toute licence, suscite d'abord la curiosité, voire la sympathie. Mais ce joyeux foutoir finit tout de même par lasser du fait de son manque de rigueur, Annaud invoquant pêle-mêle les mânes de Pasolini, Shakespeare et Fellini. Visiblement ravis de l'aubaine, les acteurs surjouent leur appétence sexuelle, à l'exemple de la scène où Vincent Cassel en dieu Pan est supposé sodomiser le pauvre Garcia. Il n'est pas interdit de penser que le regretté Brach eût peu apprécié la chose! /vad

Neuchâtel, Apollo 1; La Chaux-de-Fonds, Plaza; 1h41
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