Après l'avoir lu et relu, on le vérifie: «Borat» ne fait pas dans la dentelle. Exit cette décapante entrée en matière, voici que le moustachu irrévérencieux s'envole vers l'Amérique, grande nation dont il espère tirer des leçons qui profiteront à «son» village.
Faux reporter officiant sous le couvert d'un pseudo-documentaire, il tend un vrai micro à l'Amérique profonde, dont il débusque les atterrants réflexes homophobes, sexistes, puritains et ultranationalistes - «Rasez votre cochonnerie de moustache qui vous fait ressembler à une cochonnerie de musulman», lui conseille ainsi un amateur de rodéo.
Nimbée d'un certain flou que la récente plainte d'étudiants soi-disant manipulés n'a pas contribué à dissiper, la démarche ne nous révèle rien que nous ne sachions, ou supputions, déjà. On ne résiste pas, toutefois, à ce Baffie taille XXL, à ce «jackasseur» graveleux sans être bête, qui joue les candides avec beaucoup de malice et arrive, de ce fait, à nous faire avaler les pires vulgarités. Borat offre ses étrons à la maîtresse de maison au cours d'un dîner huppé, étouffe sous les couilles de son producteur obèse (du lard et du cochon) et rêve d'entrer dans «la vagine» de Pamela Anderson, dont il est tombé amoureux en cours de route. Capable de tout, c'est beaucoup plus finement qu'il confond l'intérieur de l'ascenseur d'un grand hôtel avec sa chambre.
Burlesque, politiquement incorrect, parfois risqué, «Borat» reste l'oeuvre d'un potache sympathique plus que d'un esprit subversif. / DBO
Neuchâtel, Arcades; La Chaux-de-Fonds, Plaza; 1h24