La petite Ninon, quatre ans, tapote fiévreusement sur le clavier de son ordinateur de jeux. Une scène qui sonne le glas des jouets traditionnels. Les poupées ont toujours leur place dans l’univers d’évasion des filles comme le tracteur chez les garçons. Mais le numérique bouscule la tradition.
Le jeu vidéo plébiscité
Une récente enquête conduite en Suisse révèle que 74% des jeunes jouent à des jeux vidéo. Guillaume, neuf ans et demi, Jérémy, dix ans et Sébastien, dix ans (sur notre photo) appartiennent à cette génération pour laquelle le jeu passe obligatoirement, mais pas exclusivement, par un écran. Avec une Wii, une Playstation et une DS, Guillaume a de quoi varier les plaisirs numériques. Il en fait une consommation de deux à trois heures par semaine. Sébastien et Jérémy naviguent eux aux alentours de quatre à cinq heures hebdomadaires.
La console en déclin ?
Dans la hotte du père Noël, les jeux vidéos occupent une place toujours plus grande. A telle enseigne qu’un magasin de jeux et jouets traditionnels à La Chaux-de-Fonds n’exclut pas de leur faire une place dans ses rayons. La console de jeux est sans doute la plus demandée parmi les cadeaux numériques, mais son déclin serait déjà en route. «Elle est vouée à la disparition», assure Christophe Schmutz, directeur de Manor à La Chaux-de-Fonds.
Le jouet numérique a en effet une espérance de vie bien moindre que les éternels chevaux de bois ou les indémo-dables jeux de cartes. «Les gens suivent l’évolution des nouveaux produits et se portent davantage aujourd’hui vers les tablettes», complète-t-il. «Il y a un transfert des consoles de jeux vers les Ipad», confirme un employé du magasin Interdiscount à Neuchâtel.
L’attrait pour la nouveauté n’explique pas tout. «La tablette offre une accessibilité aux jeux et aux divertissements très, très grande. Elle permet de télécharger et de surfer. Ce produit est beaucoup plus complet. Son côté tactile, facilitant son emploi, n’est pas à négliger», poursuit Christophe Schmutz.
Le prix à l’avantage de la tablette
La question du prix représente un autre critère en faveur de l’Ipad. «Le tarif d’une PlayStation 3 est d’environ 500 francs alors que celui d’un Ipad 2 commence à 250 francs», relève-t-on chez Interdiscount.
Responsable du rayon jouets à Mediamarkt, à Neuchâtel, Julien Forestier ne partage pas l’analyse de ses collègues. «Les consoles arrivent en fin de vie, c’est pourquoi leurs ventes sont en recul, mais l’arrivée d’une nouvelle génération en 2013 va les relancer». Il ajoute que le profil des utilisateurs de consoles et de tablettes n’est pas le même. «Les vrais joueurs resteront fidèles aux consoles alors que les joueurs occasionnels passent sur les tablettes». Il appuie son raisonnement sur le fait que «la console de jeux est exclusivement dédiée aux jeux. Les Gamers, c’est-à-dire les accrocs aux jeux, seraient frustrés en lâchant leur console pour une tablette».
L’ogre des jouets
Console ou Ipad, le débat n’est finalement pas essentiel. Le jeu numérique n’est encore qu’un petit poucet sur la planète jouets, mais il n’aura aucune peine à devenir ogre. Les fabricants de jeux numériques tissent leur toile afin de proposer une gamme de jeux s’adressant aux plus petits comme aux pré-ados. Cinq nouveaux ordinateurs spécialement adaptés aux cinq–neuf ans ont ainsi fait leur apparition il y a quelques semaines sur les gondoles des magasins.