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Bois, métal et vent tissent les secrets soyeux d'Ovale Trio

Trois musiciens amoureux d'Astor Piazzolla n'en oublient pas leur goût des couleurs exotiques et de l'improvisation. Une palette étonnante de sons pour un bonheur lyrique intense. Une flûte, un marimba, un vibraphone. Le disque «Premières formes» des Jurassiens Ovale Trio a le mérite de proposer une rythmique assez unique en son genre. Trois instruments rarement solistes poussés ici aux confins de leurs sonorités parfois exotiques, voire contemporaines. Comme le répertoire pour ces instruments ne semble pas gigantesque, les musiciens se sentent «prêts à étonner». Les quatre séances d'enregistrement voulaient rendre au plus près la qualité de l'improvisation, de l'envol. Samedi, à La Chaux-de-Fonds, on devrait retrouver une musique en dialogues permanents, une attention particulière à la texture, aux couleurs.

03 avr. 2008, 12:00

L'univers de Mathieu Schneider, Baptiste Grand et Michel Zbinden reste ancré dans la musique latino libertaire et le nom d'Astor Piazzolla déjà apparaît. «Cette formation est née pour une création d'une de ses pièces au festival Usine sonore 2006, à Bévilard. «Histoire du tango» est une suite de quatre tangos écrits en près de 30 ans pour flûte et guitare», explique Mathieu Schneider. Un morceau que l'on ne retrouve pas sur la galette pour de sombres histoires de droits: «L'éditeur Lemoine refuse que l'on en fasse autre chose que de la musique classique. Alors que la musique de Piazzolla permet une créativité extraordinaire, comme l'a notamment démontré Al Di Meola avec ses arrangements dans «World Symphonie».

Le latin jazz berce la vie de Mathieu Schneider. En 1973, il se souvient de ses parents écoutant le gros son de saxophone baryton de Gerry Mulligan se lover dans les airs de l'Argentin et comprend les beautés du métissage, qu'il ne quittera plus. «En musique, les surprises m'attirent. Certains enregistrements classiques de Piazzolla m'ennuient à mourir. Je ne pouvais plus écouter les «Quatre saisons» de Vivaldi, mais aujourd'hui grâce au travail extraordinaire de l'ensemble Giardino Armonico, je retrouve mon plaisir.» Dans le même ordre d'idées, pourquoi ne pas utiliser le bord des lames du vibraphone et les mouvements abstraits développés par Boulez, Xenakis ou Holliger? «Il ne faut pas craindre de masquer un bel accord, juste chercher à créer un son.» En pleine jungle lyrique et luxuriante, l'auditeur pourrait se sentir décontenancé par le duo de vibraphone «La chambre rouge» que Baptiste Grand et Michel Zbinden avaient commandé au compositeur suisse Christian Giger. Une pièce répétitive, froide, convoquant Glass et Reich, l'espace d'un instant. Le «Tango triste» écrit par Mathieu Schneider assure une transition contemplative et mélancolique. A l'intérieur d'une partition molletonnée de beauté apaisante comme «Corps à c?ur» de Michel Zbinden, on déniche aussi des astuces et des explorations envoûtantes. / ACA

La Chaux-de-Fonds, Cave du P?tit Paris, samedi 5 avril, à 20h30. Moutier, salle Chantemerle, vendredi 11 avril, à 20h30. Delémont, vendredi 25 avril, salle du Soleil, à 20h30. «Premières formes», Ovale Trio, label Altrisuoni
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