Plus américain que ça, tu meurs! Avec tous les clichés sur les blondes qui vont avec? Pas sûr… Méconnue sous nos latitudes, «Legally Blonde» tirée du film «La revanche d’une blonde» est un immense succès à Broadway.
La comédie séduit Jacint Margarit, qui décide alors de monter le «musical» avec la compagnie chaux-de-fonnière Evaprod; un défi qu’il relève avec brio. Les dix-neuf comédiens, chanteurs et danseurs se surpassent dans un spectacle pétillant, décalé et plein d’humour qui lutte contre des stéréotypes à la vie dure.
«Plus américain que ça, tu meurs!» avec la comédie musciale d’Evaprod. Emma Wicht
Blonde superficielle mais pas que
L’histoire raconte les péripéties d’Elle Woods, blonde de son état, toute de rose vêtue, qui tente de reconquérir le cœur de Warner. Elle décide de le suivre à l’Université de Harvard, en s’inscrivant tout comme lui en droit. Elle va vite découvrir que le monde juridique est impitoyable et que son prince charmant s’est fiancé à Vivienne, une noiraude avec qui on ne rigole pas.
Aidée du charmant Emmett, elle va lui prouver qu’elle n’est pas juste une blonde superficielle et écervelée en balayant les préjugés que son apparence met en travers de sa route.
Warner le top-modèle
Au bout du compte, elle parvient à rester fidèle à sa personnalité délicieusement rose et même à changer le destin de plusieurs de ses collègues étudiants. Warner, par exemple, deviendra top-modèle.
Dans ce contexte, les artistes d’Evaprod multiplient les rôles, jonglent avec les costumes et les accessoires. Autre prouesse technique, les décors se succèdent sans jamais arrêter le spectacle, passant par 33 lieux différents et quelques ingéniosités vraiment originales.
«Legally Blonde», dernière création de la compagnie Evaprod, à la Chaux-de-Fonds. Emma Wicht
Pêche d’enfer
Atypiques, drôles, émouvants, attachants, complices, les protagonistes déploient une pêche d’enfer qui ne laisse aucune place à l’ennui. Ils donnent à la comédie musicale un souffle de dynamisme et de bonne humeur communicatif.
Entre bons mots, répliques inattendues et surtout «blonde attitude» tournée en dérision, on rit à plus d’une reprise. Omniprésente, Lauréline Legris, qui incarne Elle Woods, manie avec aisance le côté tantôt nunuche, tantôt fort de son personnage.
Orchestre en or
L’intrigue permet d’évoquer indirectement et plus sérieusement des sujets délicats comme le racisme et l’homophobie, lesquels amènent à l’histoire une touche sensible et réaliste fort bienvenue. Composé de six musiciens, l’orchestre est juste incroyable. Ses interventions sont réglées comme du papier à musique, accompagnant subtilement les acteurs dans leur performance.
Pierre-Alain Favre