Avec son mari Claude, Margrit Sterchi propose «l'aventure sur la paille». Dans l'ancienne écurie, «la fourragère», précise-t-elle, on trouve de longues tables pour les écoles. Chez elle, Les enfants transforment les légumes du jardin en potage, les fruits en salade, les céréales en pain: «Avec les plus grands, nous allons aussi en ville et nous expliquons les problèmes liés à l'environnement».
Alors que Claude est aux regains, Margrit raconte: «Au début, nous pensions que nous aurions des grandes familles aux petits budgets, mais nous nous rendons compte que ce sont des universitaires, des citadins». La clientèle vient à 80% de Suisse alémanique. «Je leur recommande la visite des Moulins souterrains du Col-des-Roches ou les tourbières des Ponts-de-Martel».
La semaine dernière, la famille Sterchi a revu son «client le plus fou»: un professeur de l'Université de Lyon. L'été, sa femme et ses deux enfants, partent en vacances dans le nord de l'Allemagne. Lui les rejoint, mais en vélo: un engin sur lequel il pédale couché et avale chaque jour 300 kilomètres. «Il est venu pour la quatrième fois». Sur la route, il ne s'arrête quasiment jamais, mais dit que le plus difficile est de rester concentré dans le trafic. «En arrivant ici, il boit beaucoup, je lui fais des pâtes et il se couche. Il se lève à 5h et part à 5h30.»
Lui dort sur la paille, mais les allergiques peuvent opter pour l'appartement ou une chambre. Dans la grange, on ne dort que jusqu'à fin octobre. «Car en hiver, les animaux sont là, alors le bruit et l'odeur...», sourit Margrit.
Monika et Juliane, deux jeunes filles d'Innsbruck et de Leipzig, partagent le repas du soir - et les tâches de la journée - avec la famille. Elles sont là grâce à un programme de Caritas en faveur des paysans de montagne. Monika est psychologue et passe deux semaines de ses vacances dans le Jura neuchâtelois. Elle perfectionne son français, qu'elle avait déjà appris près de Toulouse. Juliane, future institutrice, reste trois mois. Pour elle, l'expérience est plus que positive puisqu'elle y séjourne pour la deuxième fois.
La famille Sterchi a organisé le brunch du 1er Août durant huit ans. «J'adorais», s'enflamme Magrit. Mais ils ont été victimes de leur succès: «Il y avait trop de monde et plus assez d'agriculteurs prêts à organiser». En 1999, ils ont accueilli 320 convives par exemple. «Et moi, de voir ces assiettes dans lesquels les gens laissaient de la confiture ou du fromage, ça m'a déçu», glisse Christine Sterchi, la fille.
Pour continuer à transmettre ses valeurs essentielles, Margrit organise aussi des anniversaires pour les enfants. Sûrement plus instructifs que ceux du marchand d'hamburgers. /JLW