«Si vous avez une dépression, ce n’est pas en vivant avec d’autres personnes déprimées que vous irez mieux!»

La formule est assez directe, mais elle résume bien la vision que développe le Centre neuchâtelois de psychiatrie (CNP) depuis plusieurs années: l’intégration sociale est essentielle pour les malades psychiques. Elle est surtout à l’exact opposé des notions d’isolement et de marginalisation, qui prévalaient dans la vision «asilaire» de la psychiatrie. «C’est l’héritage d’une vision ancienne, contraire aux recommandations de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), insiste Raffaella Diana, directrice générale du CNP.

Psychiatrie communautaire

Et c’est ce qui guide l’action de l’institution de droit public constituée en 2009. Son maître-mot? La psychiatrie communautaire, dite aussi psychiatrie sociale. Un mouvement qui s’est développé à partir des années 1980 et qui inspire l’entier des acteurs de la branche, et ce dans tous les cantons. Les professionnels neuchâtelois, en particulier ceux du CNP, s’appliquent à mettre en œuvre la stratégie 2015-2022, validée par l’autorité politique, Conseil d’Etat puis Grand Conseil.

Premier acte concret, la fermeture au 30 avril de deux établissements médico-sociaux (EMS) situés à Perreux, au nord-ouest de Boudry. Un principe connu depuis juin 2019, mais dont les contours précis sont désormais dessinés: les 35 lits de la Ramée I et II sont transférés, pour 25 d’entre eux, à La Sombaille, à La Chaux-de-Fonds, qui a créé une unité de psychogériatrie, et, pour les 10 restants, à La Licorne, à Fenin.

Une partie des 26 collaborateurs, dont aucun n’a été licencié, ont retrouvé un emploi à la Sombaille. Sans temps d’essai et avec les mêmes droits acquis.

Le home de la Sombaille, à La Chaux-de-Fonds, accueillera une partie des résidents de la Ramée, à Perreux. Photo: Christian Galley

Approche personnalisée

«Nous avons insisté pour que le nouvel employeur accepte de les reprendre à ces conditions», souligne la directrice du CNP, consciente que l’inquiétude peut être «très forte» dans les équipes soignantes. Elle parle même de personnel qui «panique».

«Pourtant, nous avons une approche très personnalisée. Nous essayons de trouver des solutions pour chacun d’entre eux, soit à l’interne, soit dans d’autres institutions», explique Raffaella Diana. Qui a, comme autre souci majeur, d’éviter que ce climat d’incertitude ne se répercute sur les résidents, par définition fragilisés.

Ce d’autant que ce processus, qui vise à fermer toutes les structures résidentielles, qu’il s’agisse de foyers, d’EMS ou d’atelier, doit se poursuivre jusqu’à fin juin 2021. Le défi, c’est de trouver des solutions pour les personnes qui y vivent en permanence ou y passent une partie de leur temps, mais aussi pour les collaboratrices ou les collaborateurs du CNP qui travaillent à leur côté.

Sont concernés le foyer Pernod et les quatre unités situées dans les bâtiments Les Acacias, à Perreux, l’EMS les Thuyas, toujours à Perreux, ainsi que les ateliers occupationnels de Préfargier.

Trouver des partenaires

Chaque solution doit correspondre au profil des résidents de ces lieux. «Mais le CNP ne peut pas agir seul, il a besoin d’une multitude de partenaires, dans le secteur de la santé, mais aussi du social», poursuit Raffaella Diana. Pour les unités des Acacias, des contacts ont été établis avec la fondation des Perce-Neige, qui reprendrait certaines activités à Perreux même.

A propos des ateliers occupationnels, des pourparlers viennent de commencer avec Alfaset. Et les occupants des Thuyas pourraient être transférés vers d’autres établissements du canton ou s’installer, pour certains, dans des appartements avec encadrement.

Autant de transferts qui visent tous au même but – le développement d’une psychiatrie communautaire «moderne», où l’hôpital psychiatrique n’est plus le seul pôle – mais qui prennent du temps à se concrétiser. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, aucune autre date que celle qui concerne la Ramée n’est encore arrêtée. Sauf la date butoir de fin juin 2021.

A La Chaux-de-Fonds, une résidente de la Sombaille raconte «20 ans de bonheur» en poèmes

Les mots ont soulagé ses maux toute sa vie. Avec la publication de ce livre qui réunit les moments heureux partagés avec son amour, Sophie Bonnet exauce un rêve. Rencontre.