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30 ans d'édition militante

Samedi, la librairie La Méridienne accueillait Marlyse Pietri, directrice des éditions Zoé, à Genève, pour les trente ans de ses publications. Elle se bat pour un prix du livre réglementé. Entretien «On n'a pas tous les jours trente ans!» a lancé la libraire Anne Grau, avant de céder la parole à Marlyse Pietri, venue fêter l'anniversaire des éditions Zoé et dévoiler ses dernières parutions. Samedi, la librairie La Méridienne à La Chaux-de-Fonds accueillaient écrivains, éditeurs et public pour l'événement. L'auteur Jean-Bernard Vuillème, également publié par les éditions genevoises, a évoqué l'oeuvre de Robert Walser (lire ci-contre). Depuis 1975, Marlyse Pietri poursuit sa route, contre vents et marées, à la barre de son esquif, malgré un milieu éditorial romand dans la tourmente.

06 nov. 2006, 12:00

Quelles motivations vous animent?

Marlyse Pietri: L'amour du livre, l'amour des textes. On cherche des textes forts, essentiellement. Les premiers ouvrages, par exemple celui de Nicolas Meienberg, ont eu beaucoup de succès. Autre best-seller: «Pipe de terre, pipe de porcelaine, journal d'une femme de chambre en Suisse romande». Il se vend toujours régulièrement.

Selon un rapport du Conseil fédéral, provenant d'une étude zurichoise, la situation du marché du livre en Suisse est «saine et stable»...

M. P.: Le rapport est mal informé. Les conclusions de l'étude zurichoise étaient beaucoup moins positives Le Conseil fédéral a mal lu. Il doit apprendre à lire. Donc, nous sommes encore utiles à ça! La situation est catastrophique en Suisse romande, parce qu'il n'y a pas de prix du livre réglementé, au contraire de la Suisse allemande.

Que pensez-vous du prix réglementé du livre?

M. P.: Je travaille tous les jours avec la France. On a une bonne diffusion dans ce pays. Ces diffuseurs n'existeraient pas sans le prix réglementé. C'est une atteinte à notre culture que cette absence de prix fixe. Même Gallimard nous soutient, comme l'éditeur Seuil. L'idée du prix fixe en France a été mise en place depuis vingt-cinq ans.

La Commission de l'économie et des redevances du Conseil national a voté, le 31 octobre, à 14 voix contre neuf pour une loi qui protège le livre, avec un prix réglementé du livre. On dit «réglementé» en Suisse, parce que ça fait moins bondir que prix fixe. Les travaux vont continuer devant le Conseil national en décembre, avec un rapport de la commission qui légiférera en janvier sur la loi pour protéger le livre. Il y a une véritable protection en France, en Allemagne ou en Autriche, pas encore en Suisse.

Vous publiez également en France. Choix ou nécessité économique?

M. P.: C'est un choix, parce que je ne peux pas publier des écrivains importants comme Nicolas Bouvier ou Robert Walser sans pouvoir leur offrir quelques articles en France et une place en librairies. Donc ça permet d'élargir et de renforcer nos activités, mais c'est un choix difficile qui demande beaucoup de travail. Nous avons la chance d'avoir un diffuseur français «Harmonia Mundi», qui est aussi une maison de musique, qui choisit les éditeurs en fonction de leur projet culturel. C'est le seul qui fait ça! Il faut convaincre pied à pied. Je fais l'attaché de presse moi-même. Mais on y arrive, c'est l'essentiel! Je suis contente.

Vous avez vous-même écrit un ouvrage en 2000, «Une aventure éditoriale dans les marges». Un besoin pressant de prendre la plume?

M. P.: Non, pas du tout! L'idée était uniquement de mettre en avant les auteurs de la maison. Pour le service des auteurs et de l'édition. Pour mieux expliquer. Un tiers est de ma plume et les deux tiers une anthologie de la plume des auteurs de nos éditions.

Vous présentez Robert Walser. Un coup de coeur?

M. P.: Un de nos objectifs est de faire découvrir des écrivains pas assez reconnus. L'oeuvre de Walser me parle énormément. Quand j'ai su que Gallimard ne publiait que les romans connus de Walser, il m'a semblé important de publier d'autres textes, les petites proses. Walser est considéré comme le «Shakespeare de la petite prose». J'ai aussi la chance d'avoir Marion Graf, chaux-de-fonnière d'origine, comme traductrice, la meilleure du moment. / CBX

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