Après avoir sillonné le monde durant plusieurs années avec ses bombes de graffeur, Jeremy Ferrington, connu sous le nom de Muga, s’est installé dans une jolie petite ferme neuchâteloise sur les hauts de La Chaux-de-Fonds.

Il y organisait une soirée portes ouvertes et un mini sound system, ce samedi 9 octobre.

On le savait grapheur, graphiste et polygraphe. On l’a découvert peintre et chanteur. «En fait, cela fait plus de 15 ans que je peins des toiles, mais je n’ai jamais rien exposé», confie-t-il.

Rien ou presque. En juin dernier, le public a pu découvrir ses œuvres, intitulées «Métamorphoses», aux anciens abattoirs de La Chaux-de-Fonds, et il lui a attribué le premier prix.

Pèlerinage artistique

«Le prix du public, c’est toujours très gratifiant», estime l’artiste. «Déjà parce que ça m’a permis d’acheter quelques paquets de pâtes», sourit-il. «Et aussi parce que, comme dans la pratique du graff, c’est d’abord au regard du public que j’ai envie de soumettre mes œuvres, plutôt qu’à un jury d’experts…»

Après avoir créé en 2007 Mugaworkshop, un atelier de graphisme et de sérigraphie où il a développé sa marque de streetwear et de skateboards, Jeremy Ferrington a lancé le projet Muga & Ghost, avec Joanne Faivre.

«Il s’agissait d’un pèlerinage artistique autour du monde, avec des fresques inspirées de la mythologie et des légendes des lieux», explique-t-il. On peut voir sur Youtube le film «Urban Odyssey», qui retrace leur parcours.

Du skate dans la galerie

Depuis 2019, Jeremy Ferrington a mis le focus sur la peinture, au pinceau. En janvier de cette année, il était en résidence au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, puis a bénéficié d’une résidence à Gênes de mars à mai, où il est parti avec ses pinceaux, son skate, son piano électrique et ses morceaux de rap. Et il y a retrouvé un nouvel élan.

«Les artistes cherchent toujours le renouveau», glisse-t-il.

Aujourd’hui, il caresse le projet de faire de la ferme centenaire qu’il occupe au boulevard des Endroits un lieu d’exposition. «D’abord pour montrer mes 15 ans de travail, et aussi pour qu’il puisse servir à d’autres.»

Une galerie originale puisqu’elle sera installée dans la grange et qu’il y trônera une rampe de skate… «Une petite», précise-t-il. «On commencera les travaux dès le printemps prochain».

Samedi, il ouvrait déjà ses portes pour un mini sound system. «Dans la street culture, musique, peinture et danse sont liées. Mon envie est de mettre en avant cette culture à La Chaux-de-Fonds, où c’est beaucoup plus rock. Et puis aussi, de faire de la ferme un lieu de partage et d’échange, recréer de nouveaux cercles. C’est un peu la pierre angulaire de ma démarche artistique.»

La Chaux-de-Fonds: de l’art urbain à la ferme

Premier prix de la Biennale des refusés, en juillet dernier, Jeremy Ferrington ouvrira un nouveau lieu d’exposition dans une ferme chaux-de-fonnière au printemps.